Hollande, ou l'art du grand écart. Une heure avant de s'entretenir avec son ancien ministre devenu commissaire européen, le très social libéral Pierre Moscovici, le chef de l’État a tenu à recevoir une délégation d'élus français proches de Syriza. Ils avaient publié une tribune vendredi, ils sont à l’Élysée dès lundi.
François Hollande a bien vu le profit qu'il pourrait tirer de cette entrevue en forme d'affichage. Sur le plan européen, la France, qui ne veut pas complètement saigner à blanc la Grèce, a besoin de montrer qu'elle n'est pas seule. Mais c'est sur le plan intérieur que cette rencontre est importante : François Hollande ne veut pas complètement se couper de sa gauche. Il sait qu'il en aura besoin en 2017, pour sa réélection.
Le discours du Bourget, lors duquel il avait déclaré : « mon ennemi, c'est la finance », est resté en travers de la gorge de bon nombre d'électeurs ; alors quand il reçoit à l’Élysée la gauche anti-libérale, quelques heures avant un sommet majeur, c'est aussi un petit caillou que le président laisse sur le long chemin de la reconquête.