« Nous espérons le meilleur, mais nous sommes prêts pour le pire », a résumé jeudi 19 juin le ministre britannique des Finances George Osborne après l'échec de l'Eurogroupe. Le 30 juin, la Grèce pourrait rater son remboursement au Fond monétaire international. Athènes doit en effet s'aquitter de 1,6 milliard d'euros. Sans remboursement, le FMI a bien précisé qu'il n'y aurait pas de délai supplémentaire accordé. Alors, l'impossible deviendrait réalité : le pays se retrouverait en faillite.
Agacement du côté des créanciers
C'est donc l'agacement qui domine à présent du côté des créanciers de la Grèce. Le ton se durcit. La Grèce ne joue pas le jeu, estiment les créanciers, après cinq mois de discussions à bâtons rompus. Christine Lagarde, la directrice genérale du FMI, n'y est pas allée de main morte : « Il faut rétablir le dialogue, a-t-elle dit, avec des adultes dans la pièce. » Les propositions de réformes sont insuffisantes, et notamment en matière de baisse des retraites et de hausse de la TVA. Les créanciers veulent parvenir à des économies à hauteur de 1 % du PIB grec, alors que les mesures proposées par Athènes ne représentent que 0,04 % selon eux. Il y a aussi le problème de l'impôt en Grèce : l'Etat n'a toujours pas mis en place de cadastre et les plus fortunés ne sont pas mis à contribution.
Athènes tient bon
Côté grec, on voit les choses d'une autre manière, et l'on se dit en substance : cinq ans de politique de rigueur, pour quel résultat ? Les deux tiers des retraités vivent sous le seuil de pauvreté, le taux de chômage culmine à 27 % de la population active, les salaires ont fondu d'un tiers pour les Grecs. Pour eux, cela suffit, ils ont « assez donné ». Depuis l'arrivée au pouvoir du parti Syriza, Athènes veut changer de stratégie, mener une politique de relance économique et renégocier une partie de sa dette. Mais la Grèce n'a plus d'argent et a besoin de la dernière tranche d'aide internationale pour se remettre à flot. Autrement dit, c'est un peu le serpent qui se mord la queue.
Flambée des retraits bancaires en Grèce
Les retraits d'argent se sont multipliés et accélérés ces derniers jours. Trois milliards d'euros depuis lundi 15 juin, un milliard rien que pour la journée de jeudi 19 juin, soit 2,2 % des presque 134 milliards d'euros qui se trouvaient fin avril dans les banques du pays. C'est justement pour faire face à la flambée de ces retraits bancaires, et pour permettre aux banques de ne pas en manquer pour ouvrir lundi, que la Banque centrale grecque a demandé à la BCE de relever une fois encore le plafond des liquidités que les établissements du pays peuvent retirer auprès de leur banque centrale. Ce qu'elle a accepté de faire ce vendredi 19 juin pour la deuxième fois de la semaine.