Grèce: les scénarios possibles après le nouvel échec de l'Eurogroupe

Le président du Conseil européen, Donald Tusk, a annoncé la tenue d'un sommet exceptionnel des chefs d'Etat et de gouvernement des 19 pays de la zone euro, lundi prochain à Bruxelles. Après l’échec de la réunion de l’Eurogroupe jeudi 18 juin, qui s'est refermée sans qu'aucune décision n'ait été prise sur la question du remboursement aux créanciers d'Athènes, le temps se fait de plus en plus pressant.

Le blocage des pourparlers, qui prive Athènes des moyens dont elle a besoin pour honorer ses remboursements de dettes, a provoqué une telle accélération des retraits des banques grecques au cours des derniers jours que la Banque centrale européenne (BCE) se demande si elles pourront ouvrir lundi. D'où la décisions du conseil des gouverneurs de la BCE d'organiser vendredi 19 juin une conférence téléphonique pour discuter de l'augmentation des liquidités d'urgence pour les banques grecques.

Cette conférence interviendrait au lendemain d'une réunion de l'Eurogroupe qui n'a pas débouché sur un accord permettant le déblocage de fonds pour le pays, alors que la Grèce pourrait se retrouver en défaut de paiement le 30 juin. Si tel est le cas, deux scénarios sont envisageables, estime notre correspondant à Bruxelles, Quentin Disckinson.  

Le premier scénario, c’est le cauchemar. L’échec de la réunion de jeudi auquel s’ajoute les déclarations péremptoires de M. Varoufakis à l’issue de celle-ci conduisent aujourd’hui à une panique bancaire dès l’ouverture des guichets. Et le peu d’argent liquide qui n’a pas déjà pris le chemin de l’étranger ou du domicile des particuliers pour y être stocké, s’évapore dans la nature.

Contraintes de fermer par manque de fonds, en dépit des très importantes avances consenties par la BCE depuis deux mois, les banques grecques se trouvent techniquement proches de la faillite. Le sommet de la zone euro convoqué en urgence pour lundi soir ne peut que répéter que la balle est dans le camp des Grecs et qu’il faut faire vite.

Le 30 juin, les Grecs décident de payer leurs fonctionnaires plutôt que rembourser le FMI. Le lendemain celui-ci constate le défaut de paiement, et la Grèce qui ne quitte pas pour autant la zone euro, ne peut plus se financer à l’extérieur et ne peut faire tourner l’Etat qu’avec les recettes fiscales et en bradant ses actifs.

L’autre scénario, ce n’est pas vraiment le rêve, mais c’est au moins celui d’un accord acquis dans les quatre prochains jours et qui permette le déblocage des 7 milliards 200 millions qui attendent depuis quatre mois qu’Athènes respecte les conditions qui se rattachent à l’octroi de ce second plan d’aide. Car au-delà du 30 juin également, ces fonds ne pourront plus être déboursés.

Le système des retraites au cœur du problème

Il ne reste donc plus que deux semaines pour trouver une solution afin d’éviter le défaut de paiement à Athènes. Cette dernière doit encore 1 milliard 600 mille euros au FMI. La zone euro se dit prête à aider, en échange de réformes dans son pays, notamment une hausse de la TVA et une baisse des retraites. Car c’est un des points essentiels du problème, selon Christine Lagarde, la patronne du FMI.

« Le financement des retraites grecques va droit dans le mur. Les autorités grecques le savent très bien donc il faut arriver à restructurer et prendre des mesures telles qu’ils puissent financer leur régime de retraites. Cela suppose d’examiner des questions de contribution, des questions d’âges, de pensions. Cela fait cinq mois qu’ils sont au travail et il faut continuer à travailler. C’est un des points importants parce qu’aujourd’hui 75% de la dépense publique primaire est consacrée au paiement des retraites. Ce n’est pas tenable donc il faut impérativement remettre ça à plat et puis avoir un système qui tient et qui est financé. »

Des réformes auxquelles se refusent le gouvernement Tsipras, alors que le FMI a par ailleurs rappelé que la Grèce ne disposerait d'aucun délai supplémentaire.

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