Grèce: la rédemption ou l'abîme

Dans moins de 15 jours, la Grèce doit en principe rembourser plus d'un milliard et demi d'euros au FMI. Or, on le sait, les caisses du pays sont vides. Les discussions entre Athènes et ses créanciers sont toujours au point mort. Ce jeudi 18 juin, une nouvelle réunion de l'Eurogroupe à Luxembourg est prévue. Mais personne ne s'attend à un accord immédiat.

Prenons l'hypothèse la plus sombre et imaginons un nouvel échec de ces discussions : ce serait le défaut de paiement pour la Grèce, qui n'a pas les moyens, seule, de rembourser ses dettes colossales. Elle devra donc choisir le 30 juin entre rembourser les 1,6 milliard d'euros au FMI ou payer les salaires des fonctionnaires et des retraités.

Alors certes, le FMI a prévu un délai de deux mois pour ce remboursement. Mais tout de même, le scénario qui se profile, c'est une fuite des capitaux du pays, mouvement qui a déjà commencé puisque depuis le début du mois de juin - 2 milliards d'euros ont été retirés des banques grecques. Celles-ci seraient alors en faillite, et la Banque centrale aussi. La Grèce sortirait automatiquement de la zone euro, ce serait le Grexit. C'est ce que tout le monde craint.

La Grèce devrait alors fabriquer sa propre monnaie. Il y aurait probablement une envolée de l’inflation dans le pays. Le poids de la dette grecque serait réparti entre pays européens, une perte qui pourrait atteindre 300 milliards d’euros pour l'Union européenne, soit 3 % du PIB. Quelle serait l'effet de contagion aux autres pays européens en difficulté, tels que l'Espagne ou le Portugal ? Personne ne le sait pour le moment.

A quelques heures de la réunion des ministres des Finances de la zone euro à Luxembourg, rares sont encore ceux qui pensent qu'un accord peut être trouvé ce jeudi entre les 19 ministres tant les divergences techniques sont considérables, relate notre correspondant à Bruxelles, Quentin Dickinson. Les officiels grecs multiplient les déclarations jusqu'au-boutistes et le découragement gagne le camp des autres Européens. La virée de M. Tsipras à Saint-Petersbourg, fortement médiatisée par le Kremlin, achève de polluer les pourparlers qui ne se sont jamais véritablement engagés.

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