Avec notre correspondante à Moscou, Muriel Pomponne
Alexis Tsipras est attendu au moment même où les négociations avec l'Europe sur la dette grecque piétinent. Grèce et Russie sont pressenties pour signer un accord gazier majeur. Le géant du gaz russe Gazprom est en effet prêt à financer la construction sur le sol grec de la prolongation du gazoduc Turkish Stream. Ce gazoduc prévu entre la Russie et la Turquie, est destiné à contourner l'Ukraine, pour l'acheminement du gaz vers l'Europe. D'après le ministre grec de l'Energie, il s'agit d'un chantier de deux milliards de dollars, avec de nombreux emplois à la clef.
La signature de ce contrat constitue donc une bonne affaire pour les deux partenaires, mais aussi un pied de nez à Bruxelles de la part de Moscou, comme d'Athènes. Pour Moscou, il s'agit de montrer que l'unité européenne en matière de sanctions se fissure. Pour Athènes, il s'agit de dire que la Grèce a encore des amis prêts à l'aider.
Toutefois, lors de sa dernière visite à Moscou au mois d'avril, Alexis Tsipras avait précisé qu'il n'avait pas demandé d'aide financière à la Russie. D'ailleurs, la Russie ne lui en a pas proposé. Tout juste Moscou peut-elle aider les Grecs à contourner l'embargo. Mais ca ne remboursera pas la dette. Il s'agit donc surtout d'une manoeuvre politique des deux pays.
Des géants occidentaux de l'économie viennent faire affaire
Au-delà du cas grec, le forum ne devrait pas désemplir malgré les sanctions. D'après les organisateurs, plus de 1 600 entreprises sont représentées cette année, dont plus de la moitié sont des entreprises étrangères, soit 200 de plus que l'année dernière.
Les patrons des plus grandes compagnies pétrolières Total, Eni, BP, Shell sont là. La compagnie néerlandaise pourrait d'ailleurs, d'après un quotidien russe, signer un accord gazier avec Gazprom, tandis que BP serait en train de conclure avec Rosneft.
Les pétroliers ne sont pas les seuls à Saint-Pétersbourg. Les distributeurs, comme l'Allemand Metro, le BTP comme le Français Vinci, et même l'Américain Coca-Cola ont effectué le déplacement. Ceci dit, les Américains ne sont pas très nombreux. Si les PDG des compagnies américaines n'ont pas reçu de coup de fil les dissuadant de venir en Russie, comme l'année dernière, la diplomatie américaine n'a pas manqué de faire savoir que leur réputation pourrait en pâtir.
Des considérations que ne semblent plus avoir les Européens. Mais si les entreprises sont présentes, les politiques, à l'exception notable donc du Premier ministre grec, sont absents. D'anciens chefs de gouvernement, comme l'Allemand Gerhard Schröder, l'Italien Romano Prodi ou les Français François Fillon et Dominique de Villepin sont présents, mais ils ne représentent plus qu'eux-mêmes.