La Grèce est « entre deux ». Entre deux sommets de l'Eurogroupe et entre deux réactions aux dernières offres du Premier ministre grec Alexis Tsipras. Lundi soir, le président français François Hollande affirmait que l'on avançait vers un accord. « Un certain progrès », reconnaissait aussi la chancelière allemande Angela Merkel.
Mais à la veille d'une nouvelle réunion de l'ensemble des ministres des Finances de la zone euro, ces propositions sont beaucoup moins bien perçues à Athènes qu’elles le sont à Bruxelles, rapporte notre envoyée spéciale dans la capitale grecque, Ablaa Jounaïdi. Déjà, la frange la plus à gauche de Syriza, la formation politique d’Alexis Tsipras, appelle à bloquer toute décision au Parlement qui reviendrait à renoncer aux réformes sociales promises par le parti.
L'aile gauche de la majorité n'est pas d'accord avec un recul de l'âge de départ à la retraite, ni avec une augmentation de certaines cotisations sociales. De même, une augmentation de la TVA dans certains secteurs passe mal. Alexis Mitropoulos, député de Syriza et vice-président du Parlement grec, martèle déjà qu'il « sera difficile de nous faire adopter ce programme tel qu'il est ».
Inquiétude de la population
Les Grecs sont inquiets. Ils craignent d’avoir à faire davantage de sacrifices, alors que la baisse de l’activité et l’augmentation des taxes ont déjà sévèrement grevé leurs revenus. Dans le même temps, peut-être résignés aussi, certains considèrent que c’est un mal nécessaire et qu’il faudra sans doute en passer par là pour rétablir les finances de l’Etat. Mais à l’image de ce professeur de littérature grecque qui a vu son salaire baisser de 25 % en cinq ans, beaucoup pensent que ce sont plutôt les gros revenus et les grosses retraites qu’il faut imposer davantage. Cela fait d’ailleurs partie de la réflexion de l’équipe de Tsipras.
Enfin, les Athéniens, qui globalement s’attendent à des années difficiles, espèrent qu’en cas d’accord, l’Etat pourra se mettre au travail et se concentrer sur les réformes nécessaires de la fiscalité, ainsi que sur les mesures anti-corruption pour remettre la machine économique grecque en route.
Le porte-parole du gouvernement a en tout cas déjà prévenu : si l'exécutif d'Athènes n'obtient pas le soutien d'une majorité de députés pour les promesses faites aux créanciers, il ne pourra pas rester au pouvoir. Des législatives anticipées ou un référendum pourraient alors s'avérer inévitables.
Le porte-parole du gouvernement grec dénonce également les pressions qui continuent sur l'équipe d'Alexis Tsipras de la part des créanciers et de Bruxelles, pour de nouvelles mesures, en plus de celles déjà consenties.