Sur la carte de l'Europe, l'Allemagne fait de plus en plus figure d'îlot conservateur, entourée de pays offrant le mariage pour tous. En Allemagne, il n'existe que l'équivalent du Pacs pour les couples homosexuels, une forme de partenariat nettement moins avantageux en termes d'héritage, de fiscalité, de droit à l'information médicale ou d'adoption. Depuis le référendum irlandais, la pression monte sur le gouvernement allemand. Cent cinquante personnalités ont adressé une lettre à Angela Merkel réclamant le mariage pour tous. Parmi les signataires des chanteurs comme Udo Lindberg, des politiciens comme le Vert Cem Özdemir ou la députée d'extrême gauche Sarah Wagenknecht, des sportifs, des représentants du monde des affaires, des écrivains et des metteurs en scènes.
Un contexte politique idéal
Les blocages viennent principalement de la CDU. Le SPD associé aux Chrétiens démocrates au pouvoir est favorable au mariage pour tous. Au sein de la CDU, on note une division entre courant conservateur et la frange libérale du parti. Angela Merkel à titre personnel est opposée au mariage pour tous. La pression est montée ces dernières semaines car le contexte est actuellement idéal pour un changement de la loi. L'opinion est légèrement majoritaire en faveur du mariage homosexuel. Les églises semblent condamner les propos très virulents du Vatican pour condamner le vote irlandais. Et surtout, la majorité actuelle CDU-SPD détiendrait la majorité nécessaire des deux tiers qui permettrait de modifier la Constitution, un texte qui protège pour l'instant le mariage entre homme et femme. Réformer la constitution nécessite en effet une majorité des deux-tiers en Allemagne. Or CDU et SPD disposent de cette majorité très confortable pour l'instant.
Angela Merkel sous pression sur le mariage homosexuel
Angela Merkel, si elle le voulait, pourrait donner l'impulsion nécessaire. Mais la chancelière est plutôt connue pour sa frilosité. Le mariage pour tous ne lui permettrait pas de gagner des points aux prochaines élections, il profiterait plutôt au SPD. Comme pour le salaire minimum ou les quotas de femmes à la tête des entreprises, elle attendra donc, jusqu'au moment où elle ne pourra plus s'y opposer.