Avec notre correspondant à Istanbul, Jérôme Bastion
Ce coup de filet, qui concernerait même quelques hauts gradés, intervient quelques jours à peine après la surprenante annonce par le ministre de la Défense d'une enquête préliminaire visant plus d'un millier de militaires accusés d'espionnage. L'arrestation de ces 10 officiers, ce vendredi, a bien sûr fait l'effet d'une bombe, quelques jours à peine après l'incarcération de cinq magistrats, eux-mêmes poursuivis pour trahison après qu'ils eurent ordonné l'inspection de camions possiblement chargés d'armes pour al-Qaïda.
Les véhicules, sous contrôle des services secrets, avaient repris leur route après une rocambolesque confrontation entre services de sécurité rivaux, les uns en uniformes, les autres pas, tous deux armes au poing ; le Premier ministre de l'époque, Recep Tayyip Erdogan, avait affirmé que la cargaison ne contenait que de l'aide humanitaire, mais cette version n'avait jamais vraiment convaincu.
La chasse aux sorcières lancée depuis plus d'un an contre les adeptes de la confrérie Gülen, autrefois alliée du gouvernement, se poursuit donc sans relâche, mais pour la première fois elle vise directement l'institution militaire. Et ce au moment où le départ en repos inopiné du chef d'état-major alimente bien des rumeurs sur une mésentente avec M. Erdogan et le gouvernement.