Affaire Nemtsov: pour la justice russe, encore un coup des Tchétchènes

L’enquête sur l’assassinat fin février à Moscou, de l’opposant russe Boris Nemtsov s’est accélérée ces dernières 24 heures. Deux hommes ont été inculpés ce dimanche, l’un deux aurait même avoué sa participation dans le meurtre de Nemtsov. Trois autres suspects ont été placés en détention. Tous sont des Tchétchènes.

Avec notre correspondante à Moscou, Caroline Larson

Cinq hommes, tous d’origine tchétchène, ont été placés en détention dans le cadre de l’enquête sur l’assassinat de l’opposant russe Boris Nemtsov, abattu de quatre balles à quelques encablures du Kremlin, le 27 février dernier. Deux d’entre eux, Zaour Dadaïev et Anzor Goubachev, ont été officiellement inculpés ce dimanche 8 mars. Arrêté samedi en Ingouchie, la république voisine de la Tchétchénie, Dadaïev aurait servi pendant dix ans au sein d'un bataillon de police tchétchène.

Selon la juge du tribunal moscovite de Basmanni, Natalia Mouchnikova, Dadaïev serait même passé aux aveux, en reconnaissant avoir participé au meurtre de Nemtsov. Le deuxième inculpé, Anzor Goubachev s’est quant à lui déclaré non-coupable. Les trois autres suspects arrêtés ce week-end également en Ingouchie ont multiplié les déclarations pour convaincre le tribunal de leur innocence.

Les enquêteurs doivent, d’ici 10 jours, présenter les preuves sur la culpabilité des suspects. Ces derniers ont été placés en détention pour deux mois, jusqu’au 28 avril. En attendant, les motifs du meurtre demeurent inconnus. Et rien n’a filtré sur les éventuels commanditaires de l’assassinat.

Notons que les meilleurs ennemis de Poutine, les Tchétchènes, sont décidément bien souvent impliqués dans les meurtres d'opposants russes selon la justice russe.

La liste est longue, mais le seul exemple de la journaliste Anna Politkovskaïa, critique acharnée du Kremlin assassinée en 2006, suffit pour comprendre. Ses bourreaux sont tchétchènes, avait fini par trancher la justice russe. Des bourreaux bien commodes qui ne sont évidemment pas les commanditaires, au final jamais vraiment inquiétés.

En réaction à la mort de Politkovskaïa, Vladimir Poutine, déjà, expliquait pour sa défense que le crime était plus préjudiciable à Moscou que ses activités de journaliste. C'est aujourd'hui le même argument qui est repris à l'envi par les partisans du président dans l'affaire Boris Nemtsov.

Et les mêmes catégories de coupables sont désignées, toujours des Tchétchènes, potentiels exécuteurs d'un ordre qui vient d'ailleurs. Pour le Russe moyen et fidèle téléspectateur des chaines gouvernementales, le Tchétchène est de toute façon régulièrement un terroriste en puissance. Tout se tient.

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