Boris Nemtsov était l’un des principaux opposants au président russe Vladimir Poutine, connu en Russie depuis l’époque de Boris Eltsine, dont il fut vice-premier ministre, mais connu aussi dans le monde entier pour son rôle d’opposant au régime actuel. Comme les funérailles d’Anna Politkovskaïa, les cérémonies d’adieu à Boris Nemtsov ont également réuni beaucoup de monde.
Les Moscovites ont dû patienter dans une file de plusieurs centaines de mètres avant de déposer leurs fleurs au pied du cercueil ouvert, autour duquel la mère et les enfants de Boris Nemtsov étaient réunis. Peu avant 14h heure locale, le cercueil a quitté le Centre Sakharov, accueilli à l’extérieur par une foule dense, qui scandait : « La Russie sera libre ! » et « Gloire aux héros ! ».
Nemtsov et l’Ukraine
« Gloire aux héros ! », c’est traditionnellement un cri de guerre ukrainien, repris par la révolution de Maïdan. Ce n’est pas un hasard que les Russes réunis aux cérémonies funèbres l’aient repris à leur tour. En Ukraine, depuis ce que les Ukrainiens appellent « la révolution de la dignité », il est d’usage de se saluer en disant « Gloire à l’Ukraine ! », et de répondre « Gloire aux héros ! ».
L’allusion était donc claire, et pleinement justifiée : Boris Nemtsov était connu pour ses prises de position contre la guerre en Ukraine, des prises de position très critiques par rapport à la politique menée dans la région par le Kremlin. A Kiev, il était considéré comme un véritable ami, presque comme un porte-parole des Ukrainiens parmi les Russes. Aussi – certes, c’est un peu secondaire –, il était lié à l’Ukraine également sur le plan purement personnel. En effet, depuis trois ans, il avait une compagne ukrainienne, qui était d’ailleurs à ses côtés au moment de l’assassinat.
Hommage international
Cet assassinat a profondément attristé et impressionné les Russes, mais il a aussi choqué la classe politique russe et internationale, ainsi que les gens ordinaires bien au-delà de frontières russes. Aux obsèques, il n’y avait donc que des représentants des autorités russes.
Parmi les responsables politiques qui ont participé aux funérailles, deux vice-Premiers ministres russes, l’ancien chef du gouvernement britannique John Major, le chef de la diplomatie lituanienne, le vice-ministre polonais des Affaires étrangères, le maire de la capitale lettonne Riga, et plusieurs ambassadeurs. L’eurodéputée lettonne et ancienne commissaire européenne Sandra Kalniete, ainsi que le président du Sénat polonais Bogdan Borusewicz, également annoncés, ont été, eux, interdits d’entrée en Russie.
La liste russe
L’Union européenne a exprimé ses vifs « regrets » auprès de Moscou. La Pologne, elle, a envoyé une note officielle de protestation à l’ambassade russe à Varsovie, exigeant des explications détaillées de ce geste inamical.
Interrogée par la presse, la porte-parole de l’ambassade a expliqué qu’il s’agissait d’une « réponse » russe aux sanctions européennes. Celles-ci comprennent, entre autres, une liste de personnalités russes interdites d’entrée en Union européenne. A l’occasion des obsèques de Boris Nemtsov, on a pu apprendre qu’une liste semblable, visant les Européens, existait également du côté russe. A la différence de la liste européenne, totalement transparente, la liste russe est, elle, secrète. D’où la surprise de plusieurs personnalités européennes de ne pas pouvoir se rendre aux funérailles de Boris Nemtsov.