Il n'aura fallu qu'une semaine aux services de sécurité russes pour désigner de possibles coupables. « Deux suspects ont été arrêtés aujourd'hui en relation avec ce meurtre ; il s'agit d'Anzor Goubachev et de Zaour Dadaïev », a déclaré le chef du FSB - les services secrets russes - Alexander Bortnikov à la télévision d'Etat samedi. D'après lui, les deux hommes sont originaires du Caucase. Ils sont actuellement retenus dans une prison moscovite.
Le lendemain, c'est cette fois Albert Barakhoïev, secrétaire du Conseil de sécurité de la République russe d'Indouchie, limitrophe avec la Tchétchénie, qui a annoncé à l'agence Ria Novosti que ces deux arrestations s'étaient accompagnées de deux autres. Les personnes supplémentaires arrêtées, deux hommes, sont originaires de Tchétchénie. L'un d'eux est le jeune frère d'Anzor Goubachev.
Finalement, un peu plus tard ce dimanche, un porte-parole de la commission d'enquête a indiqué sur Twitter qu'un tribunal de Moscou était désormais chargé de confirmer « l'arrestation de cinq personnes liées à l'assassinat de Boris Nemtsov ». Et d'assurer : « L'enquête continue », sans préciser l'identité du cinquième suspect ni les circonstances de son arrestation.
L'assassinat de Boris Nemtsov, l'un des opposants les plus virulents au président Vladimir Poutine, et connu également pour sa croisade contre la corruption, avait bouleversé le pays. Vladimir Poutine, que beaucoup tiennent pour responsable de ce meurtre, avait immédiatement parlé de « provocation » visant à déstabiliser le pays, et promis que les assassins seraient poursuivis. Le fait que les suspects mis en avant sont des habitants du Caucase vient cautionner la thèse du président. En Russie, les Caucasiens sont souvent des coupables bien commodes.
Mais désigner aujourd'hui ces quatre hommes pose beaucoup d'autres questions. Parmi les hypothèses avancées pour l'assassinat de Nemtsov, figurent ses critiques du rôle de la Russie dans le conflit en Ukraine, et sa condamnation des assassinats à Paris des journalistes de l'hebdomadaire satirique Charlie Hebdo. Le principal opposant au Kremlin, Alexeï Navalny, a quant à lui accusé les « services spéciaux » russes et le Kremlin d'être derrière cet assassinat.