L'Espagne allant jusqu'à demander à la Commission de Bruxelles de condamner formellement les déclarations du premier ministre grec. Devant des militants de son parti réunis en Andalousie, le chef du gouvernement espagnol Mariano Rajoy a fustigé l'attitude de son homologue grec. « Nous ne sommes pas responsables de la frustration qu'a créée la gauche radicale grecque en faisant des promesses qu'elle savait intenables », s'est-il emporté devant des militants de son parti à Séville en Andalousie, dans le sud de l'Espagne. « Se chercher un ennemi à l'extérieur c'est un recours que nous avons déjà vu plusieurs fois dans l'histoire », a-t-il ajouté.
Mariano Rajoy n'a visiblement pas du tout apprécié les accusations formulées par Alexis Tsipras. Celui-ci a dénoncé samedi un complot conservateur au sein de l'Union européenne ayant pour but, selon lui, de faire échouer son gouvernement afin de ne pas donner encore plus de poids à la gauche radicale en Europe. « Ces puissances ne souhaitaient pas que l'exemple grec ait une influence sur d'autres pays, surtout dans la perspective des élections en Espagne » prévues pour novembre, et en septembre ou octobre au Portugal, a déclaré Alexis Tsipras.
En filigrane, il y a bien sûr les élections législatives en Espagne et la montée en puissance du parti Podemos, dont la ligne politique est très proche de celle incarnée en Grèce par Syriza. Mariano Rajoy et son homologue portugais Pedro Passos Coelho sont donc tous deux montés au créneau pour dénoncer les déclarations du Premier ministre grec.
Reste à savoir si la Commission européenne sanctionnera Athènes, comme le demande le gouvernement espagnol. Selon une source européenne, citée par l'Agence France presse (AFP), une condamnation publique est peu probable. « Sur ce dossier très sensible, le rôle de la Commission n'est pas de diviser, mais de jouer les intermédiaires », explique cette source.
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Allemagne: Schäuble fait confiance au gouvernement Tsipras
L'Allemagne s'est montrée particulièrement exigeante envers la Grèce lors des réunions des ministres de Finances de l'Eurogroupe qui ont finalement abouti à une prolongation de 4 mois de l'aide européenne. Les négociations ont même été très dures entre Wolfgang Schäuble et son homologue grec Yanis Varoufakis, deux personnalités aux antipodes et ce bien que Wolfgang Schäuble cherche à minimiser cet aspect interpersonnel des choses.
Mais maintenant que l'accord est conclu et que les députés allemands l'ont approuvé, le ministre allemand des Finances estime qu'il faut donner un peu de temps au gouvernement grec. Car dit-il : « gouverner est un rendez-vous avec la réalité ». Et la réalité, c'est le programme de réformes promis par Athènes sans lequel la Grèce ne pourrait plus compter sur l'aide financière internationale. Il s'agit notamment de mettre en place une administration fiscale efficace qui fait cruellement défaut à la Grèce.
Toutefois, Wolfgang Schäuble est bien obligé de reconnaître la grande légitimité du gouvernement Tsipras qui jouit dans les sondages d'une popularité grandissante.