Eurogroupe: les concessions d'Athènes

La Grèce et ses partenaires européens sont parvenus vendredi à un accord, avec la poursuite de l'aide financière à Athènes. Pour cela, il aura fallu trois réunions de l'Eurogroupe, au terme desquelles la Grèce a dû faire des concessions pour obtenir quelques maigres victoires.

A Bruxelles, les réactions sont politiques et prudentes, chacun rappelant le chemin difficile parcouru pour parvenir au consensus et pour souligner que tout n’est pas encore fait, loin de là, constate notre correspondant à Bruxelles, Quentin Dickinson. Mais de l'avis de tous, cela n'a pas été facile et les négociations se sont déroulées dans un climat tendu entre Wolfgang Schäuble, le ministre allemand des Finances, et son homologue grec, Yanis Varoufakis.

Ceci étant dit, l'accord est bien là et il préserve l'essentiel : la Grèce a obtenu que le programme d'aide soit prolongé de quatre mois - jusqu'à fin juin au lieu de fin février -, et le spectre de la sortie de la zone euro s'éloigne. Mais pour cela, Athènes a dû s'engager à poursuivre les réformes promises par le gouvernement précédent et à coopérer pleinement avec ses créanciers, sans envisager d’abolir unilatéralement les dispositions de redressement en vigueur.

Elle obtient cependant la possibilité de décider par elle-même d'un certain nombre de mesures, à condition que le compte y soit en fin de période. La liste de ces réformes doit être présentée d'ici lundi, approuvée mardi par un Eurogroupe téléphonique, et précisée d'ici avril. Et c'est à cette condition seulement que l'aide financière gelée depuis septembre pourra reprendre. 

Dans son programme de réformes, le gouvernement grec devrait mettre l'accent sur la lutte contre la corruption et la fraude, sur la reconstruction de l'administration publique et sur la réponse à la crise humanitaire qui touche les foyers les plus démunis. 

Petite satisfaction mais la Grèce y tenait beaucoup : on ne parlera plus de contrôle par la  « troïka » mais par « les institutions ». En réalité, le contrôle exercé par l'Union européenne et le FMI continuera et la Grèce a dû s'engager à honorer ses dettes. Il n'est plus question d'allégement pour l'instant. Et cela pose le problème de l'avenir, au-delà de juin prochain. La Grèce va devoir rembourser une dette qui atteint 175 % de son PIB. Elle ne sera certainement pas en mesure de le faire et, déjà, il n'est pas irréaliste d'envisager un troisième plan d'aide.

Partager :