La lettre était attendue depuis deux jours, elle est arrivée ce jeudi matin entre les mains du président de l’Eurogroupe Jeroen Dijsselbloem. Dans cette missive, la Grèce demande la prolongation pour six mois de l'aide financière obtenue via le fond européen de stabilité, une aide différente, donc, de celle perçue via le programme d'aide géré cette fois par la Troïka - l'Union européenne, la Banque centrale européenne et le Fonds monétaire international.
Il s'agit là d'un prêt de 130 milliards d'euros accordé par la BCE et Bruxelles à la Grèce en 2012, une aide assortie elle aussi de conditions, notamment la mise en place d'une longue liste de réformes destinées à restaurer la compétitivité de la Grèce, mais aussi à rééquilibrer les finances publiques. Dès lundi soir, dans la foulée de l'Eurogroupe raté, Jeroen Dijsselbloem, tout en fixant un ultimatum à la Grèce pour l'enjoindre à demander l'extension de ce programme d'aide, assurait aussi que l'Eurogroupe accepterait des aménagements au programme de réformes.
Réactions contrastées
La demande officielle est maintenant à Bruxelles. Quid de la réponse reçue ? Le premier accueil de la lettre a été plutôt bon, si l’on en croit le président de la Commission européenne. Jean-Claude Juncker a déclaré avoir « eu des contacts nombreux toute cette nuit et il a vu des signaux positifs ce matin dans la lettre, qui ouvre la voie à un compromis raisonnable dans l'intérêt de la stabilité ». Certains des pays membres, la France notamment, se disaient également convaincus qu'un accord pouvait être trouvé.
Reste à convaincre les Allemands, qui sont depuis le début sur une ligne très dure dans leurs négociations avec Athènes. Et ce jeudi, les premières réactions du côté de Berlin ne présagent pas d’une inflexion de la position allemande. La demande déposée ne représente « pas une solution substantielle », tranche ainsi le ministre des Finances Martin Jäger, avant de poursuivre par un cinglant : « Athènes ne répond pas aux critères. »
La lettre reçue jeudi matin par Jeroen Dijsselbloem devait être discutée ce jeudi après-midi lors d'une réunion préparatoire de la zone euro. Un nouvel Eurogroupe exceptionnel consacré à la Grèce doit avoir lieu vendredi à Bruxelles.