Minsk connaît une activité diplomatique extrêmement intense autour de l’Ukraine. Les membres du groupe de contact, composé de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE), de la Russie et de l’Ukraine, s’y sont également réunis, parallèlement aux négociateurs allemands, français, russes et ukrainiens qui préparent le sommet.
L’objectif déclaré de celui-ci est de préciser les modalités de la mise en œuvre des accords de Minsk, signés en septembre 2014, et restés pratiquement lettre morte. Les accords étaient relativement satisfaisants pour la partie ukrainienne. Sans rendre les territoires perdus à l’Ukraine, ils ne les excluaient pas définitivement de l’Etat ukrainien et laissaient une porte ouverte aux négociations futures.
500 kilomètres carrés supplémentaires
En effet, ils prévoyaient d’instaurer un cessez-le-feu et une ligne de démarcation entre les forces ukrainiennes et séparatistes à l’endroit où elles se trouvaient à l’époque, ce qui laissait un territoire assez restreint sous le contrôle des pro-russes. Ce territoire devait obtenir une large autonomie, mais sous le régime de la loi ukrainienne. Une zone tampon devait être créée le long de la ligne de séparation, et un contrôle effectif de la frontière avec la Russie dans les territoires contrôlés par les séparatistes devait être introduit.
La Russie et les séparatistes avaient signé les accords, mais ils les ont vite interprétés comme une victoire ukrainienne inacceptable. Ils ont donc manifestement décidé de retourner la situation en leur faveur. D’où les arrivées massives du personnel et du matériel militaire russe, avec l’élargissement de la zone initialement contrôlée par les séparatistes de 500 kilomètres carrés supplémentaires comme résultat.
Ainsi, lors de négociations actuelles, la partie russe fait tout pour préserver, voire élargir, ses conquêtes territoriales et politiques. En revanche, les autorités ukrainiennes partent du principe que les accords de Minsk avaient été signés par toutes les parties en pleine connaissance de cause, mais n’ont jamais été respectés par leurs adversaires. Kiev ne veut donc pas signer un nouvel accord, tant que celui qui est en vigueur ne soit mis réellement en œuvre.
Les Occidentaux devant une tâche très difficile
Du coup, la tâche des Occidentaux, qui sont, eux aussi, impliqués directement dans les négociations, devient très difficile. Représentés notamment par Angela Merkel et François Hollande, ils tentent de trouver une solution de compromis qui permettrait, dans un premier temps, d’arrêter le massacre qui a déjà causé la mort de plus de 5000 personnes. C’est pourquoi ils considèrent l’instauration d’un cessez-le-feu effectif comme une priorité absolue.
A plus long terme, il s’agirait de garantir une paix durable dans la région. Pour cela, il faut trouver des formules diplomatiques suffisamment habiles pour qu’elles puissent satisfaire tout le monde. D’après ce qu’on sait de l’état actuel des pourparlers, on ne retire aucun point des accords de Minsk, mais on négocie les modalités opérationnelles de leur mise en œuvre : calendrier précis, séquence de mesures concrètes…
En attendant des signes d’espoir
Ceci dit, les négociateurs eux-mêmes reconnaissent qu’il est très compliqué de progresser, et qu’il n’est aucunement garanti d’arriver à un accord global. En effet, on voit mal pourquoi les Russes, qui n’étaient pas contents de la première version des accords, seraient subitement prêts à mettre en œuvre leur version inchangée, enrichie uniquement de précisions sur les modalités opérationnelles. Dans ce contexte, il y a fort à parier que, même si un accord est signé, il sera suivi de peu d’effets sur le terrain.
Cela n’a pas l’air très optimiste. Même les plus hauts dirigeants ne le cachent pas. N’oublions pas que François Hollande avait dernièrement évoqué à deux reprises en trois jours l’hypothèse d’une « guerre » si les négociations n’aboutissent pas. Et son ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, a même dit craindre une « guerre totale ». Il faudra donc regarder les résultats du sommet quadripartite qui se réunit mercredi soir à Minsk avec beaucoup d’attention, en comptant y déceler des signes d’un véritable espoir.
Démenti sur un accord de cessez-le-feu
Selon l'agence de presse Tass citant une source informée, le Groupe de contact sur l'Ukraine, réuni ce mardi à Minsk, est parvenu dans la soirée à un accord sur un cessez-le-feu dans l'est de l'Ukraine et sur les moyens de le contrôler. Une information démentie quelques heures plus tard par les délégués du Groupe.
Le Groupe de contact (Ukraine, Russie, rebelles ukrainiens et OSCE) est également parvenu à un accord sur un plan de retrait des armes lourdes, ajoute Tass. Les discussions se poursuivent sur le statut des deux régions séparatistes de Donetsk et de Lougansk et sur l'organisation d'élections locales.