« Les deux ou trois prochains jours décideront du succès ou de l’échec de l’initiative de Paris et Berlin », a affirmé samedi soir le ministre des Affaires étrangères allemand Frank-Walter Steinmeier. Ce dernier, comme la chancelière Angela Merkel quelques heures plus tôt, voulait rester prudent.
La situation en Ukraine a dominé les débats à la conférence sur la sécurité à Munich. Moscou et Kiev sont restés sur leurs positions, laissant augurer de difficiles négociations. Le président ukrainien Petro Porochenko, comme des responsables américains présents, a plaidé de son côté pour des livraisons d’armes à son pays. Une hypothèse fermement rejetée par Angela Merkel.
Si cette dernière et François Hollande se sont montrés prudents, Sergueï Lavrov semblait relativement optimiste. Le ministre russe des Affaires étrangères estime tout à fait possible d’avoir des résultats et de tomber d’accord sur des recommandations qui permettront aux deux parties de dénouer le conflit. Le président ukrainien s’est déclaré prêt, samedi soir, à un cessez-le-feu sans condition avec les séparatistes pro-russes.
« Nous ne comptons faire la guerre à personne »
Pour M. Lavrov, la ligne de démarcation retenue par l’accord de Minsk de septembre dernier doit s’imposer sans tenir compte des avancées sur le terrain des séparatistes. Interrogé sur une information de France 2 évoquant une zone démilitarisée intégrant ces gains sur le terrain, Petro Porochenko a affirmé : « Je ne connais pas ces propositions. »
En fois encore, Sergueï Lavrov a rejeté toute participation directe au conflit sur le terrain ukrainien. Fidèle à sa ligne, Moscou affirme privilégier la voie diplomatique en dépit des accusations d’ingérence. La Russie salue les efforts du président français et de la chancelière allemande aux côtés de Vladimir Poutine. Le Kremlin entend ainsi marginaliser la position des Etats-Unis, dont il ne cesse de critiquer la rhétorique belliqueuse.
Le ministre russe des Affaires étrangères l’a répété : la crise en Ukraine ne peut être réglée par la force militaire - la question est posée à Washington. Entre les diplomaties russe et américaine, les déclarations aigres se succèdent. Moscou veut se montrer ouvert au dialogue. « Nous ne comptons faire la guerre à personne », a déclaré Vladimir Poutine samedi à Sotchi. De nouvelles discussions doivent s’engager ce dimanche. Selon l’entourage de François Hollande, plusieurs questions restent en suspens pour arracher le soutien russe à un éventuel plan de paix.
François Hollande au cœur des discussions
Un accord ? « Nous n'en sommes pas là », assure l’Elysée. Car le légendaire optimisme que François Hollande affiche depuis le début de sa présidence a laissé place, sur l'Ukraine, à la plus grande prudence.
Bien sûr, François Hollande et Angela Merkel n'auraient pas pris la peine de faire deux allers-retours entre Kiev et Moscou en deux jours, s'il n'y avait un mince espoir. Mais face aux menaces d'une « guerre totale », les obstacles sont encore nombreux avant d'arriver à un règlement global. Futur statut de l'est de l'Ukraine, contrôle des frontières et retrait des armes lourdes sont les principaux objets de discussion. Chaque point est âprement discuté. « On n'est pas dans l'à peu près, explique l'Elysée. Ce n'est pas à peu près un accord. »
Dans l'entourage du chef de l'Etat, on relève que « certains pensent obtenir des choses par la voie militaire et non diplomatique. » Mais à ce stade, « la pression ne sert à rien ». Pas question pourtant de baisser les bras. Il ne sera pas dit que François Hollande n'aura rien tenté.