Ukraine: encore du chemin avant la concrétisation d'un plan de paix

François Hollande et Angela Merkel se sont réunis, vendredi 6 février au soir, en compagnie de Vladimir Poutine à Moscou pour trouver un terrain d’entente sur la situation de crise en Ukraine. Les trois dirigeants se sont mis d’accord après cinq heures de négociations pour l’élaboration d’un plan de paix. Mais concilier les remarques du Kremlin et les attentes de Kiev s'annonce compliqué.

Avec notre correspondante à Moscou, Muriel Pomponne

Près de cinq heures de discussions dont plus d'une heure en tête à tête n'auront pas permis à Angela Merkel , François Hollande et Vladimir Poutine de se mettre d'accord sur un plan de paix pour l'Ukraine. Ils se sont séparés sans même un communiqué commun, les dirigeants français et allemands reprenant aussitôt la route de l'aéroport.

Toutefois, à l'issue de la rencontre, le porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov a parlé de négociations « constructives et substantielles » qui ont permis de se mettre d'accord sur un « possible plan commun ». Cette ébauche de plan, basée sur les accords de Minsk, intégrerait les propositions de paix apportées par le couple franco-allemand, les conditions posées par le président ukrainien Petro Porochenko et les demandes exprimées par le président Vladimir Poutine. Les discussions doivent se poursuivre par téléphone dès dimanche.

Il semblerait que les débats portent sur trois points : l'autonomie du sud-est de l'Ukraine, la mise en place d'une force internationale pour garantir la cessation des hostilités, et le statut international de l'Ukraine. Mais aucune déclaration officielle n'est venue confirmer cette information. Une agence de presse russe a même affirmé que la fédéralisation et la neutralité de l'Ukraine ne faisaient pas partie des points débattus.

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Le point de vue ukrainien

Avec nos envoyés spéciaux à KievAnastasia Becchio  et  Boris Vichith

Petro Porochenko devait tenter de faire valoir ses arguments ce samedi à Munich. A l'occasion de la Conférence internationale sur la sécurité, le chef de l'Etat ukrainien devait s'entretenir pendant la journée avec le vice-président américain Joe Biden et la chancelière allemande Angela Merkel. Rentrée dans la nuit de Moscou, cette dernière peut lui exposer plus en détail le contenu de ses entretiens avec Vladimir Poutine et François Hollande.

Reste maintenant à élaborer un texte qui prenne en compte les remarques de Kiev et du Kremlin. Tout le monde se retrouve sur un point : les 12 points de l'accord de Minsk, seul accord de paix jusque-là signé par tous les belligérants et qui prévoit notamment un cessez-le-feu, restent la base de travail. Mais les nuances sont nombreuses.

L'une des questions les plus délicates reste celle des lignes de front, fixées le 19 septembre et qui, depuis, ont bougé en faveur des rebelles pro-russes. Selon le ministre ukrainien des Affaires étrangères, plus de 500 km2 de territoires supplémentaires seraient ainsi passés sous le contrôle des combattants séparatistes. Pavlo Klimkine a prévenu que toute issue diplomatique à la crise devrait prévoir leur restitution.

Mais à Kiev, plusieurs responsables estiment que ce ne sera pas suffisant. C'est le cas du Premier ministre, qui continue de réclamer une aide militaire : « Pour que nous parvenions à cette paix, dit Arseni Iatseniouk, l'Ukraine doit avoir les moyens de se défendre ».

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