Ukraine: militaires comme civils espèrent un cessez-le-feu

Alors que les négociations diplomatiques prennent une nouvelle dimension, avec une rencontre au sommet prévue à Minsk, en Biélorussie, mercredi 11 février, les combats redoublent de violence dans le Donbass. Il semble que chaque camp tente de conquérir un peu plus de territoire avant l’annonce d’un nouveau cessez-le-feu. Militaires et civils attendent avec impatience les résultats des pourparlers.

Comme tous les Ukrainiens, le commandant de la garde nationale ukrainienne Andriy Balan retient son souffle en observant de loin les négociations de paix qui pourraient décider du sort du Donbass. En tant que militaire, il ne cache pas son désir de paix auprès de notre envoyé spécial à Kramatorsk, Sébastien Gobert.

« On espère que cela va déboucher sur quelque chose parce qu’on en a marre de cette guerre, explique-t-il. Peut-être que les nouvelles négociations vont permettre de trouver une solution à ce conflit parce qu’on ne peut pas résoudre ces problèmes avec les moyens militaires. »

Pour Andriy Balan, l’armée ukrainienne est une bonne armée, et relativement bien dirigée par le gouvernement de Kiev. Mais une des raisons de l’enlisement sanglant des derniers mois est évidente : « Nous nous battons contre la troisième armée du monde, l’armée russe et non contre les séparatistes de notre pays. »

L’Ukraine doit se battre sur trois fronts

Andriy Balan tient aussi à rappeler la complexité de cette guerre, qui se joue au moins sur trois fronts : « Le premier front c’est ici à l’Est, le deuxième front c’est la corruption dans notre gouvernement et le troisième front c’est les gens en Ukraine qui pensent que cette guerre ne les concerne pas. »

Comme des millions d’autres, Andriy Balan observera de très près les résultats des négociations diplomatiques. Lui et ses camarades n’ont qu’une seule envie désormais, rentrer à la maison, sains et saufs.

En attendant, les combats se poursuivent. Séparatistes pro-russes d'un côté, forces ukrainiennes de l'autre. Et dans les deux camps, le nombre de victimes ne cesse de croître. Une grande partie d'entre elles sont des civils. Et pour cause : les règles du droit international humanitaire, censées protéger les personnes qui ne participent pas aux combats, sont bafouées dans les deux camps, selon Nina Walch, chargée des crises à Amnesty International.

Un million de déplacés selon l’ONU

« Les deux camps utilisent des roquettes tirées au hasard et des obus de mortier non guidés, et cela dans des zones très densément peuplées, détaille-t-elle. Ils installent des soldats, de l’armement dans des zones résidentielles et ne prennent très clairement pas les précautions nécessaires qui sont quand même prescrites par le droit international militaire pour épargner les civils.  »

Les civils sont souvent coincés dans leurs villes ou villages, incapables de s’éloigner des combats tant ils sont pris entre deux feux. Une situation qui détériore considérablement les conditions humanitaires sur place. « Les habitants des zones visées passent leurs nuits dans les sous-sols ou dans des abris souterrains qui sont surpeuplés, raconte Nina Walch. Parce qu’ils cherchent à se protéger des bombardements et des tirs de roquettes qui sont incessants. Du coup, beaucoup d’entre eux n’ont pas accès aux services de base. C’est-à-dire, l’eau courante, il n’y a pas assez de nourriture, il n’y a pas de médicaments. » Selon l'ONU, 5 000 personnes auraient été tuées, 12 000 blessées et près d'un million de civils seraient en fuite, depuis le début du conflit.

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