UE: les «sans cravate» grecs vus de Bruxelles

Alexis Tsipras, le nouveau Premier ministre grec, a mis de l'eau dans son vin depuis la victoire de son parti, lors des législatives du 25 janvier. Mais à Bruxelles, on observe avec une certaine circonspection les premiers pas au pouvoir d'une équipe de nouveaux issus de la gauche radicale.

De notre correspondant à Bruxelles, Quentin Dickinson

Le temps presse. La dernière tranche de l’aide internationale à la Grèce doit être versée à cette dernière dans quatre semaines, si toutefois les conditions requises sont remplies. Ce que redoutent les milieux européens, c’est moins la tenue vestimentaire des nouveaux ministres grecs - leur décontraction fait couler de l'encre ces jours-ci - que leur totale inexpérience de l’exercice du pouvoir.

Ce que l’on dit à Bruxelles, c’est que nombre de ces ministres n’ont guère varié leurs éléments de langage depuis la fin de la campagne électorale, qu’ils sont visiblement d’avis qu’il suffit de dire quelque chose pour que cela se fasse, et qu’ils n’ont qu’une idée relative de la cohérence gouvernementale. Ils sont quelques-uns à être des universitaires engagés, ce qui, dit-on encore à Bruxelles, ne prédispose pas à la diplomatie et à la recherche du consensus.

M. Tsipras lui-même tente de gommer les aspérités les plus voyantes de ses engagements électoraux, mais loin de rassurer ses partenaires, il leur donne plutôt l’impression d’une permanente valse-hésitation.

La coalition avec les populistes cléricaux de droite, tout comme le caractère ouvertement pro-russe de Syrisa, en pleine crise ukrainienne, ne sont pas non plus de nature à rendre populaire ici l'équipe de M. Tsipras, dont l’absence de cravate comme gage de révolte est jugée plutôt ridicule. « Ce n’est pas en supprimant un bout de textile, disait ainsi un eurodéputé italien de gauche, que l’on va refaire le monde. »


Les ministres grecs font le tour des chapelles

« On ne peut pas continuer à pressurer des pays qui sont en pleine dépression », estime Barack Obama, alors que le nouveau gouvernement grec veut renégocier son énorme dette et que la situation inquiète ses créanciers et les marchés. Le nouveau pouvoir a déjà commencé à revenir sur les mesures d'austérité imposées par la troïka - composée par la Commission européenne, la Banque centrale européenne et le Fonds monétaire international.

Ce dimanche à Paris, le ministre grec des Finances Yanis Varoufakis a demandé un délai d'un mois pour faire des propositions qui pourraient déboucher sur un accord avec les créanciers internationaux. Mais lors de leur conférence de presse commune, son homologue français a prévenu que si la France entendait aider la Grèce, elle n'entendait pas transférer le problème de la dette grecque sur le dos du contribuable européen ou français.

« J'ai déjà exprimé très clairement, et le ministre des Finances (grec, NDLR) le sait, la position de la France, a déclaré Michel Sapin. Autant, on peut discuter de tout un tas d'éléments qui permettent d'alléger le fardeau de la dette, parce que 175% du PIB, c'est quand même lourd à porter, autant il n'est pas question en France d'une annulation de la dette, qui serait une manière (...) de transporter du contribuable grec vers le contribuable européen ou français, le fardeau de la dette. »

Après Paris, Yanis Varoufakis va faire une étape à Londres ce lundi après-midi. Le Premier ministre entame lui aussi une tournée européenne qui le conduira à Chypre, Rome et Paris, mais pas forcément à Berlin, où la chancelière allemande a déjà fait savoir qu'il n'était pas question d'effacer, même partiellement, la dette grecque. RFI

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