Alexis Tsipras veut rallier Chypre à sa lutte contre l'austérité

Le Premier ministre grec est à Chypre pour le coup d'envoi de sa tournée européenne. Pour son premier déplacement à l'étranger en tant que chef de gouvernement, M. Tsipras a choisi l'île hellénophone, passée il y a deux ans très près de la faillilte. Son chemin le mènera également à Bruxelles, où il rencontrera mercredi le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker.

Comme le dit à l'antenne notre correspondant à Nicosie Michel Picard, c'est une visite de proximité ! Tant culturellement, sur cette île hellénophone, que financièrement, quand on sait le poids du douloureux plan d'austérité mis en œuvre à Chypre depuis le plan de sauvetage de 2013. Au côté du président conservateur Nikos Anastasiades, le nouveau Premier ministre grec a d'abord apporté tout son soutien à Nicosie pour une reprise rapide des pourparlers de réunification qu'il a qualifiés de « priorité » - rappelons qu'une partie de l'île appartient à la Turquie.

Au chapitre économique, Alexis Tsipras a ensuite tenu à souligner la proximité de son pays avec Chypre, tout en martelant qu'une renégociation de la dette grecque concernait tous les peuples européens. Cette bataille, il entend donc la mener main dans la main avec Nicosie. « La Grèce se trouve dans une nouvelle phase de négociation avec ses partenaires », rappelle M. Tsipras.

« Le déroulement positif de cette négociation sera bénéfique, non seulement pour les peuples chypriotes et grecs, ajoute-t-il, mais aussi pour tous les peuples européens. Dans ce sens, j’ai pu informer et échanger des pensées avec le président et lui affirmer qu’une fois de plus, cette bataille aussi, nous la mènerons côte à côte. » Interrogé sur les rumeurs de suppression de la troïka, ce serait selon lui un très bon début pour la Grèce et pour toute l'Europe. Un développement qu'il a même qualifié de « mature et nécessaire ».

Alexis Tsipras « bienvenu » à Berlin

Un porte-parole de la Commission européenne, l'un des trois créanciers de la Grèce qui composent la troïka, a de son côté démenti des informations de presse avançant que son président, Jean-Claude Juncker, serait favorable à une suppression de la troïka. Ce dernier rencontrera Alexis Tsipras mercredi 4 février pour en parler. En revanche, le nouvel homme fort grec n'a pas encore prévu de déplacement à Berlin. Ce lundi, une porte-parole de la chancelière allemande a néanmoins déclaré que le chef du gouvernement grec était un « hôte bienvenu » en Allemagne.

Si la rencontre n'a pas lieu cette semaine, elle pourrait intervenir le 12 février, lors du prochain sommet européen à Bruxelles. Mais Wolfgang Schaüble, ministre allemand des Finances, indique que la participation du FMI, de la BCE et de la Commission européenne (la troïka) au plan d'aide à la Grèce ne pourra pas être modifiée. Il a ainsi rappelé que l'Allemagne n'accepterait « pas de changements à sens unique au programme » mis en place pour assainir les finances de la Grèce. Mais il s'est lui aussi dit prêt à rencontrer son homologue grec, Yanis Varoufakis.

Après Paris dimanche, ce dernier est justement arrivé ce lundi à Londres pour continuer d'expliquer à ses homologues européens que la dette de son pays doit être renégociée. A l'issue d'un entretien avec son homologue anglais George Osborne, ce dernier a estimé que les désaccords sur la Grèce représentaient « la plus grande menace pour l'économie mondiale » et que « toutes les parties doivent agir avec responsabilité ».

« J'ai dit au ministre grec des Finances que toutes les parties doivent agir avec responsabilité, mais nous avons aussi besoin que la zone euro adopte un meilleur plan pour les emplois et la croissance », a-t-il poursuivi. « Nous devons nous assurer de choisir la compétence plutôt que le chaos en Europe comme en Grande-Bretagne », a ajouté le ministre conservateur. Yanis Varoufakis n'a pour sa part pas fait de commentaire.

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