Avec nos envoyés spéciaux à Kievski, Boris Vichith et Anastasia Becchio
Des oiseaux s’enfuient à tire-d’aile, un vieillard traine une grosse branche, alors que les tirs résonnent tout près. Le quartier Kievski a des allures de ville fantôme. Nikolai Sergueevitch, un vétéran de la Seconde Guerre mondiale, reste le seul habitant de son immeuble de cinq étages. Les vitres de son appartement ont été soufflées par les déflagrations. Il les a réparées avec du carton. « Il fait très froid chez moi. Il n’y a pas de chauffage, pas d’électricité. La nuit, je dors tout habillé, sous plein de couvertures. C’est très dur. Ca bombarde tous les jours, tous les jours », raconte-t-il.
Devant l’immeuble voisin, Ludmila Vassilieva balaye des morceaux de verre, les traits tirés et les nerfs à vif. « Cela fait une heure que ça tire comme ça… Et là encore, c’est assez loin. La nuit dernière, ça illuminait tout mon appartement. Il n’y a aucun cessez-le-feu ! Cet immeuble-là a été touché par un obus, celui d’en face, aussi… Ce n’est plus possible... Ici, les gens ne vivent pas, ils survivent », explique-t-elle.
A quelques kilomètres de là, l’artillerie est toujours en action. Quand les tirs seront tout proche, Ludmila ira s’enfermer dans sa salle de bain. Elle s’y sent un peu plus en sécurité.