Avec nos envoyés spéciaux en Ukraine, Anastasia Becchio et Boris Vichith
La Russie a averti qu’elle reconnaîtrait les élections organisées dimanche prochain par les séparatistes dans l’est de l’Ukraine. Cette déclaration est prise comme une nouvelle provocation par Kiev. Le président ukrainien Petro Porochenko estime qu’elle met en danger le processus de paix censé régler un conflit qui a déjà fait plus de 3 700 morts selon l'ONU.
A Dnipropetrovsk, la capitale de la région voisine de la république séparatiste de Donetsk, l’on suit avec une grande attention la situation dans le Donbass.
Boris Filatov, l’adjoint au gouverneur de la région, passe beaucoup de temps à négocier des échanges de prisonniers avec les séparatistes depuis la conclusion des accords de Minsk, le 5 septembre dernier. C’est l’un des points prévus par l’accord, qui prévoit aussi un cessez-le-feu. La trêve est pourtant loin d’être respectée.
« Pire que l’Afghanistan, c’est la Somalie »
Pour Boris Filatov, Moscou en est le principal responsable : « Pourquoi le cessez-le-feu n’est-il pas respecté ? Le premier facteur dépend d’une question à laquelle personne n’a la réponse : qu’est-ce qu’il y a dans la tête de Poutine ? Personne n’a de réponse à cette question, ni François Hollande, ni Angela Merkel, ni Barack Obama. Le deuxième point, c’est que les gens qui courent là-bas dans tous les sens avec des armes, des gens que la Russie a armés, entraînés, qu’elle influence grâce à sa propagande colossale, ces gens, même la Russie ne les contrôle plus. J'ai souvent à faire aux séparatistes, puisque je mène des négociations pour les échanges de prisonniers. Et je peux vous dire qu’il existe là-bas huit ou neuf bandes, parmi lesquelles sept ne reconnaissent pas l’autorité du Premier ministre autoproclamé. C’est pire que l’Afghanistan, c’est la Somalie, en plein cœur de l’Europe. »
Boris Filatov conclut : « Nous voulons continuer à dialoguer avec les séparatistes, nous soutenons une solution politique, mais le problème, c’est que nous n'avons personne à qui parler. »