Véritable mafieux ou opposant victime d'un règlement de compte politique ? Une chose est sûre, Moukhtar Abliazov a longtemps navigué en eaux troubles. Ministre de l'Energie du Kazakhstan à la fin des années 1990, cet homme de 51ans a dirigé pendant cinq ans la première banque kazakhe, la BTA, jusqu'à sa nationalisation en 2009.
Depuis, la Russie et l'Ukraine, qui se disent victimes de ses fraudes, l'accusent d'avoir détourné plus de 4 milliards d'euros via des prêts frauduleux et une multitude de sociétés offshore. Moukhtar Abliazov, affirme pour sa défense, que sa réussite a fait des jaloux, à commencer par le tout-puissant président kazakh Noursoultan Nazarbaïev qui, dit-il, chercherait à l'abattre.
Une affaire digne d’un polar
En 2011, Abliazov obtient l'asile politique au Royaume-Uni. Rattrapé par la justice, son passeport est alors confisqué et ses avoirs gelés. L'affaire se mue alors en un véritable roman policier, l'oligarque quitte clandestinement l'Angleterre. Près de dix-huit mois plus tard, fiché par Interpol, il est interpellé dans une luxueuse villa de la Côte d'Azur par la police française, renseignée par des détectives anglais mandatés par la banque kazakhe.
C'est désormais à la justice française de trancher cet épineux dossier, et de dire si la Russie et l'Ukraine offrent les garanties nécessaires quant au sort carcéral et judiciaire qui serait réservé à Moukhtar Abliazov.
Pressions sur la justice
Car ces derniers mois l’affaire s’est envenimée, la défense d’Abliazov mettant en cause l’intégrité des magistrats d’Aix-en-Provence qui avaient préalablement validé la demande d’extradition. L’affaire a depuis été dépaysée à Lyon, et il y a quelques jours le parquet général s’est à son tour prononcé en faveur de l’extradition de l’homme d’affaires.