Le problème technique vient de fuites détectées sur les oléoducs acheminant le pétrole brut du site d’extraction, à 75 km au large en mer Caspienne, à l’usine de traitement de celui-ci, à terre.
Les études sont en cours, mais il semble que des gaz toxiques, contenus dans le brut, ait corrodé les tubes, à une vitesse record. Ce serait dû à la présence notamment de forts taux de soufre dans ce pétrole, ce qui était connu bien sûr. Mais il semble que personne n’avait imaginé que cela causerait de tels dégâts sur ces tubes.
Le consortium qui exploite Kashagan ne veut rien dire pour le moment, mais des sources travaillant sur le gisement affirment que cela pourrait prendre jusqu’à deux ans pour remplacer l’oléoduc.
Ce n’est pas une bonne nouvelle pour les Total, qui détient 16,8 % des parts, ExxonMobil, Shell et une autre compagnie nationale chinoise, les actionnaires de Kashagan, alors que le chantier a déjà dix ans de retard.
A qui la faute ?
Kashagan a été découvert en 2000 et est la plus grosse trouvaille depuis 40 ans, est un gisement typique de la nouvelle ruée vers l’or. Au début de l’histoire pétrolière, on a extrayait le brut le plus facile à récupérer. Puis, il a fallu pomper plus profond, dans des conditions plus difficiles, dans des pays plus éloignés et souvent instables.
Avec Kashagan, on retrouve un tas de défis technologiques importants, et en plus tous réunis au même endroit. Le gisement se situe dans une partie de la mer Caspienne qui est gelé la moitié de l’année, en eau peu profonde, ce qui fait qu’il faut gérer de gros blocs de glace, le pétrole se trouve à plus de 5 000 m de profondeur, la pression est énorme, les soufre présent à haute teneur.
Il a fallu en permanence inventer des solutions pour extraire ce pétrole. Des ingénieurs du gisement nous ont confié à plusieurs reprises que ce serait un miracle si tout allait bien. Il n’y a pas eu de miracle.
Les risques encourus
Il faut avoir les reins solides pour être actionnaire de Kashagan. L’an passé, Conocophilips, qui fait partie des quinze plus grandes compagnies pétrolières du monde, a vendu ses parts récemment un de ses directeurs a déclaré que cela faisait du bien d’être sorti de Kashagan.
Cela dit, ses réserves récupérables sont estimées à 13 milliards de barils, à 100 dollars l’unité cela laisse penser que les actionnaires envisagent de sérieux bénéfices. Mais il faut être patient et leurs calculs les amènent aujourd’hui à se dire qu’il y a du pétrole que l’on peut produire à bien moins cher, les pétroles de schiste notamment.