Avec nos envoyés spéciaux à Newport, Aabla Jounaïdi et Quentin Dickinson
Le président Barack Obama avait promis, mercredi 3 septembre, de « démanteler et détruire » l'Etat islamique (EI) après la décapitation d'un second journaliste américain détenu par le groupe jihadiste, Steven Sotloff. Pour ce faire, son secrétaire d'Etat œuvre désormais à la formation d'une coalition internationale qui agirait en Irak et en Syrie. Ce vendredi matin au Pays de Galles s'est tenu, en marge du sommet de l'Alliance atlantique, une réunion entre les ministres des Affaires étrangères de neuf pays membres de l'Otan et leur homologue australien.
L'objectif est d'évaluer les moyens diplomatiques, juridiques et militaires en vue d'organiser rapidement une coalition de longue durée contre les jihadistes, où qu'ils se trouvent, mais tout particulièrement, bien sûr, au Proche-Orient et autour du golfe arabo-persique. L'objectif est que les Etats-Unis ne portent pas le fardeau de la lutte seuls. Plusieurs rencontres bilatérales étaient prévues dans la journée. Le Premier ministre britannique David Cameron, qui soutient le projet, a affirmé que l'Otan condamnait unanimement « les actes barbares et ignobles » de l’EI.
Frappes aériennes
Un ressortissant britannique est toujours aux mains des jihadistes, qui dans la vidéo de l'exécution de Steven Sotloff ont menacé d'en faire leur troisième victime. Washington, Paris et Londres, ainsi que plusieurs autres capitales, ont par ailleurs déjà fourni des armes à Bagdad et aux forces kurdes irakiennes pour les aider à lutter contre l’Etat islamique. La principale difficulté politique désormais : définir les rapports à établir avec le régime syrien de Bachar el-Assad, définitivement infréquentable.
Quelques principes ont été fixés ce vendredi matin : volonté de n'agir que dans le cadre des Nations unies, priorité donnée aux frappes aériennes contre les centres de commandement et contre les convois des jihadistes en Irak, nécessité d'assurer l'accompagnement humanitaire de toute action, et obligation de mettre en avant, comme tête de file, des Etats de la région, afin que cette coalition n'apparaisse pas comme une croisade des Occidentaux contre l'Islam.
Expériences afghane et irakienne
Le Royaume-Uni, et même la France, n’excluent pas l’option militaire. Mais la question est sensible. Les expériences afghane et irakienne ont laissé des traces et le contexte régional, fait de rivalités fortes, demeure un obstacle. Les Occidentaux attendent beaucoup de l’engagement de la Turquie, pays membre de l’Alliance. Le secrétaire d’Etat américain John Kerry doit se rendre au Moyen-Orient après le sommet pour trouver des soutiens régionaux. Barack Obama espère obtenir le soutien des monarchies arabes du Golfe, qui se réunissent de leur côté, samedi 6 septembre, à Jeddah en Arabie saoudite.
Sur le terrain, les jihadistes ont déjà subi de sérieux revers ces derniers temps. L'armée irakienne dit avoir tué le numéro 2 de l'Etat islamique, Abou Bakr al-Baghdadi, lors d'un raid aérien près de Mossoul.
■ L'avenir de l'Afghanistan pour conclure un programme bien chargé
Le 31 décembre prochain, les dernières forces combattantes de l’Alliance atlantique quitteront le sol afghan après treize années de présence. C’est le plus long et le plus vaste déploiement militaire jamais opéré par l’Otan. Les forces armées et la police du pays prendront le relais, en pleine crise au sommet de l’Etat.
L'enjeu est de taille, mais a presque été éclipsé par la crise ukrainienneet la lutte contre l'Etat islamique. Ce jeudi, le secrétaire général de l’organisation, Anders Fogh Rasmussen, a exposé les suites que l’Alliance imagine pour la présence internationale en Afghanistan après le retrait des forces combattantes fin 2014.
« Les alliés et partenaires de l’Otan, dit-il, sont prêts à lancer une nouvelle mission non combattante pour entraîner, conseiller et assister les forces afghanes dès 2015. Nous sommes prêts à aider ces forces financièrement dans le cadre de nos vastes efforts internationaux. Nous leur renouvelons notre engagement financier et notre soutien jusqu’à fin 2017. Et nous réaffirmons aujourd’hui notre engagement pour un partenariat durable entre l’Otan et l’Afghanistan. »
Le temps presse pour l’Afghanistan. Les deux candidats de la présidentielle de juin dernier revendiquant la victoire, le pays n’a toujours pas de chef d'Etat. Or, c'est précisément ce dernier qui doit signer les accords autorisant l’Otan à entreprendre sa mission non combattante au-delà de 2014.