Recep Tayyip Erdogan doit prêter serment et entamer officiellement dans la journée un premier mandat de cinq ans en tant que président de la Turquie. Il a été onze ans Premier ministre du pays. Celui qui lui succède ce mercredi, Ahmet Davutoglu est l'ex-chef de la diplomatie. Il prend également la tête du parti islamo-conservateur, l'AKP.
Jean Marcou, professeur à l'Université de Grenoble, évoque les transformations à venir dans le système politique turc : « S'il y a quelque chose qui va changer, certainement, on l'a bien senti depuis quelques jours, c'est à l'intérieur de l'AKP. Il y a des élections législatives en juin 2015. Et Recep Tayyip Erdogan a annoncé un grand coup de balai, un grand renouvellement des cadres. Il sera incontournable car l'AKP interdit de faire plus de 3 mandats parlementaires». Beaucoup de cadres de l'AKP arrivent en effet au bout de leurs 3 mandats et vont donc devoir laisser la place aux jeunes. « On a le sentiment que finalement Recep Tayyip Erdogan élu à la présidence, à la tête d'un régime politique qui est en train de changer, est en train de se doter d'une nouvelle élite de cadres, mieux adaptés probablement à une autorité présidentielle beaucoup plus forte », explique-t-il. Sur le plan intérieur, sur les orientations principales, il y aura une certaine continuité, pense Jean Marcou, avec notamment la poursuite des tentatives de règlement de la question kurde, le maintien des orientations économiques.
En matière de politique étrangère, il y a de grandes questions non réglées avec notamment l'Irak, estime Jean Marcou : « Près d'une cinquantaine d'otages turcs sont détenus par l'Etat islamique. Donc, la question se pose de savoir comment la Turquie va sortir de cete crise. Comment elle va intervenir et soutenir les Kurdes d'Irak du Nord pour empêcher des afflux supplémentaires de réfugiés, notamment des populations déplacées par l'avance de l'EI qui ont commencé à entrer en Turquie. Un des gros problèmes aussi est l'afflux de réfugiés syriens, qui sont plus d'1,2 million en Turquie, et qui sont de plus en plus nombreux à entrer dans le pays ».