Référendum en Ecosse: les risques du changement dans la balance

Dans un peu plus de trois semaines, l’Ecosse va voter sur son indépendance. Le référendum a lieu le 18 septembre. Et ce lundi soir avait lieu le deuxième débat entre les leaders des deux camps. Les indépendantistes sont pour l’instant dos au mur, et c’était pour eux l’occasion de se refaire.

Avec notre correspondant à Londres, Eric Albert

Alex Salmond tient sa revanche. Le Premier ministre écossais, et le leader des indépendantistes, a nettement dominé le deuxième débat télévisé. Il y a dix jours, son opposant, Alistair Darling, avait surpris tout le monde : lui qui est sérieux mais relativement ennuyeux avait réussi à destabiliser Alex Salmond. Cette fois, cela n’a pas été le cas. Alex Salmond a pris un ton beaucoup plus offensif, et parfois même solennel : 

« Personne, absolument personne, ne va mieux diriger les affaires de ce pays que ceux qui vivent et travaillent en Ecosse. Personne ne tient plus à l’Ecosse. Nous sommes une nation riche, un peuple plein de ressources. Nous pouvons créer une nation prospère et une société plus juste. Une vraie vision pour les Ecossais. Notre heure, notre moment est venu. »

Alex Salmond avait bien besoin de remporter ce débat. Car les indépendantistes sont dos au mur. Aucun sondage ne les a jamais donnés vainqueurs, et ils ont actuellement une dizaine de points de retard sur les partisans de l’Union.

Mais Alex Salmond est un redoutable homme politique. En 2011, il a surpris tout le monde en remportant une majorité absolue au parlement écossais, contre toute attente. Et sa spécialité, ce sont les fins de campagnes électorales. Il excelle souvent pendant les dernières semaines.

«L'Ecosse est laissée à l'abandon»

Pour les partisans de l’Union, qui veulent rester dans le Royaume-Uni, l’attente jusqu’au 18 septembre risque de sembler longue, comme pour cet homme, interrogé par notre envoyé spécial à Edimbourg, Grégoire Sauvage : « Je vais voter non au référendum sur l'indépendance. D'abord parce qu'on ne sait pas trop ce qui va se passer avec notre monnaie. Les indépendantistes ne sont pas clairs sur ce que l'on va gagner à devenir indépendant. Et puis je n'aime vraiment pas cette poussée nationaliste. » « Je pense que l'on s'en sort bien jusqu'à maintenant, alors pourquoi changer ? Je pense qu'on est plus forts ensemble. »

Pour d'autres, cela ne fait aucun doute, « ce sera un grand oui, c'est la bonne chose à faire pour l'Ecosse. Je pense que les conséquences seront terribles si l'on ne saisit pas cette chance qui nous est offerte de devenir indépendants. On a tout ce qu'il faut ici pour faire de l'Ecosse un pays encore plus prospère. » « De toute façon, conclut ce témoin, l'Ecosse est laissée à l'abandon. Ils nous disent "attention, vous n'aurez plus ceci, vous n'aurez plus cela. Mais l'argent lui, il sort d'Ecosse, et en échange, on ne voit rien venir de la part de l'Angleterre et moi je n'ai pas envie de rester avec quelqu'un qui ne veut rien donner. »

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