Convoi humanitaire russe envoyé en Ukraine: vers une sortie de crise?

Moscou et Kiev ont convenu d'un accord concernant le passage du convoi humanitaire russe sur le territoire ukrainien, indique le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) ce samedi 16 août.  Malgré cet accord, l'armée poursuit ses bombardements contre les bastions séparatistes de Donetsk et Lougansk. Le nombre de victimes civiles ne cesse de grimper.

C'est peut-être la fin d'une drôle de séquence, qui se joue à la frontière entre l'est ukrainien et la Fédération de Russie, nous rapporte notre envoyé spécial Etienne Bouche, qui se trouve près de la frontière côté russe. Le CICR a affirmé, samedi 16 août dans la soirée, qu'un accord avait été trouvé entre Moscou et Kiev.

Depuis plusieurs jours, le convoi humanitaire parti de la grande banlieue de Moscou faisait l'objet de calculs diplomatiques très opaques. Samedi après-midi, au poste-frontière, personne n'avait encore pu donner cette information, ni l'OSCE, ni la Croix-Rouge.

Les autorités ukrainiennes restent méfiantes

Depuis jeudi, les quelque 280 camions russes sont stationnés à une vingtaine de kilomètres de la frontière. Les conducteurs, reconnaissables à leur tenue beige identique, tuent leur ennui dans les localités alentour. Certains d’entre eux ne s’en cachent pas, ils guettent le long de la route le taxi qui les emmènera trouver de la compagnie féminine.

On avait appris samedi matin que le ministère russe des Situations d'urgence avait envoyé une déclaration aux douanes ukrainiennes, un document qui spécifiait le contenu du chargement.

Si Kiev et Moscou se sont mis d'accord, cela ne veut pas dire que le convoi prendra la route dès demain pour l'est de l'Ukraine. L'inspection du convoi n'a toujours pas été effectuée et elle devrait prendre du temps. D'autant que les autorités ukrainiennes se montrent plus que méfiantes à l'égard de l'initiative russe.

Le contexte : une percée ukrainienne

L'information relative à un possible accord entre Russie et Ukraine survient alors que l'armée ukrainienne a poursuivi son offensive ce samedi. Les troupes de Kiev ont repris aux insurgés Jdanivka, une ville située à 45 kilomètres au nord-est de Donetsk. Dans la capitale régionale, les combats se sont également poursuivis. Depuis quelques jours, les échanges de tirs s'étaient rapprochés du centre-ville.

Des journalistes étrangers ont constaté que des obus, vraisemblablement tirés par l'armée ukrainienne, étaient tombés sur une douzaine de maisons, mais sans faire de victime. Par ailleurs, le « premier ministre » séparatiste Alexandre Zakhartchenko a déclaré, dans une vidéo diffusée ce samedi, avoir reçu 150 équipements militaires, dont 30 chars et autres blindés, ainsi que 1 200 hommes qui ont eu quatre mois d'entraînement sur le territoire russe.

Rencontre prévue le 17 août à Berlin

De son côté, Moscou a nié tout passage de troupes russes ou de matériel par la frontière, évoquant les « fantasmes » de Kiev, qui affirme avoir détruit en partie une colonne russe de blindés qui a franchi la frontière dans la nuit de jeudi à vendredi. Des journalistes britanniques présents du côté russe avaient signalé des mouvements de troupes et 23 blindés qui se dirigeaient vers la frontière et l'avaient probablement franchie.

Les Occidentaux tentent de relancer les efforts diplomatiques. François Hollande, le président français a rappelé que la Russie devait s'engager à respecter l'intégrité territoriale de l'Ukraine. Il a également demandé aux autorités de Kiev à faire preuve de retenue et de discernement dans ses opérations militaires. Une rencontre est prévue dimanche 17 août 2014 août à Berlin entre les ministres des Affaires étrangères russe et ukrainien.

→ À (RE)LIRE : Guerre de communiqués à la frontière russe

Partager :