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La présidence ukrainienne affirme qu’une grande partie des blindés d’une colonne russe, qui avait pénétré en Ukraine, ont été détruits la nuit dernière par l’artillerie. Petro Porochenko s’est entretenu avec le Premier ministre britannique David Cameron à ce sujet. Mais il n'a précisé publiquement ni le lieu de l’attaque, ni le nombre de véhicules détruits. Ils l'auraient été dans la nuit de jeudi à vendredi. L’information est quasiment impossible à vérifier, la zone en question étant le théâtre d’opérations militaires. Le ministère russe de la Défense dément qu'un tel convoi soit entré en Ukraine, qualifiant dans un communiqué les accusations ukrainiennes d'« espèce de fantasme ».
Par le passé, les autorités de Kiev avaient déjà fait état d'incursions de colonnes militaires russes. Mais c’est la première fois que des journalistes occidentaux ont pu être témoins du passage de tels véhicules militaires russes en territoire ukrainien. Dans la nuit de jeudi à vendredi, les correspondants du Guardian et du Telegraph avaient en effet vu 23 véhicules blindés de transport de troupes russes, appuyés par des véhicules logistiques, traverser la frontière dans une zone contrôlée par les insurgés, à l’écart du principal poste-frontière de Donetsk.
La tension monte encore d'un cran à la frontière
Alors que Moscou demande, depuis plusieurs jours, l’instauration d’un cessez-le-feu, Kiev poursuit son pilonnage intensif des fiefs rebelles de Lougansk et Donetsk, au prix de lourdes pertes au sein de la population. Jeudi, les autorités militaires ukrainiennes ont revendiqué la prise de contrôle d’une partie de la route reliant le bastion séparatiste de Lougansk au poste-frontière d’Izvarnye. C’est cette route qu’ont probablement empruntée les blindés controversés.
Jusqu’où ont-il roulé ? Etaient-ils destinés à alimenter la rébellion en armes ? Faut-il y voir le prélude à une invasion ? Toutes ces questions restent ouvertes. Mais une chose est sûre : la tension est à son comble, d’autant que des témoins rapportent des mouvements de véhicules et de matériel militaire près du poste-frontière russe par lequel est censé passer un convoi humanitaire controversé.
Le CICR demande aux deux parties d'accorder leurs violons
Ces quelque 280 camions blancs, venus de Moscou, stationnent toujours dans un champ de la région de Rostov-sur-le-Don, à une quarantaine de kilomètres de la frontière côté russe. Des officiels ukrainiens devaient débuter leur inspection en territoire russe, mais les opérations sont repoussées pour l'instant. Le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) doit, en principe, se charger de la distribution. Il appelle donc Moscou et Kiev à trouver rapidement un terrain d’entente. Selon un communiqué de l’ONG, l'opération « prendra un certain temps » en raison des problèmes logistiques et des mesures de sécurité.
Pour les ministres des Affaires étrangères européens, qui se sont réunis en urgence ce vendredi, toute action militaire unilatérale de la Russie en Ukraine serait en tout cas considérée comme une « violation flagrante du droit international ». Ils demandent à la Russie de « stopper immédiatement » toute action hostile envers l'Ukraine, se déclarant « de plus en plus inquiets face à l'aggravation de la crise dans l'est de l'Ukraine et de ses conséquences humanitaires pour la population civile ». Ils pressent les Russes de retirer leurs forces de la frontière. Le chef de la diplomatie danoise prévient notamment que « l'Union européenne et les Etats-Unis sont déterminés à répondre à toute agression de la Russie ».
A Londres, l'ambassadeur de Russie a été convoqué pour s'expliquer sur les informations d'une possible incursion militaire russe en Ukraine. La chancelière allemande Angela Merkel a exigé, par téléphone, du président russe Vladimir Poutine qu'il arrête « le flux de matériel militaire, de conseillers et de personnel armé qui passent » la frontière. Depuis Toulon, où il commémorait les 70 ans du débarquement en Provence, le président français a quant à lui appelé à un apaisement des « tensions très vives », pour « prévenir toute escalade » de la violence et « retrouver l'esprit de dialogue qui avait présidé la rencontre du 6 juin en Normandie » entre les président ukrainien et russe. Selon M. Hollande, la Russie doit « respecter l'intégrité territoriale de l'Ukraine ».