Confusion autour d’un convoi humanitaire russe vers l’Ukraine

La Russie envoie un convoi d'aide humanitaire de 280 véhicules en Ukraine. Moscou présente la chose comme actée, mais cela ne semble pas évident pour toutes les parties. Pour Laurent Fabius, ministre français des Affaires étrangères, l'envoi par la Russie d'un convoi humanitaire en Ukraine ne respecte pas les règles et pourrait servir de couverture à une incursion russe.

La grande crainte des Occidentaux est que, sous couvert d’opération humanitaire, Moscou en profite pour envoyer ses troupes dans l’est de l’Ukraine. L’annonce du Kremlin est donc prise avec beaucoup de précautions. Le communiqué de la présidence russe reste d’ailleurs assez flou.

À la télévision russe, le chef de diplomatie Sergueï Lavrov a assuré qu’un accord avait été trouvé avec Kiev et le Comité international de la Croix-Rouge. Ce lundi soir, le CICR rapporte dans un communiqué avoir discuté avec les autorités ukrainiennes et russes sur l'aide proposée par la Russie. « Toutes les parties impliquées dans le conflit en Ukraine ont l'obligation légale de permettre et de faciliter une aide humanitaire sans entrave », déclare le CICR. Un document a été soumis à chacune des parties, précise l'ONG. Il stipule notamment que « avant le début de l'opération, le CICR devra recevoir sans retard injustifié des autorités de la Fédération de Russie tous les détails nécessaires concernant l'aide humanitaire, dont les quantités et le type d'aide et les besoin en matière logistique ».

Les autorités ukrainiennes se bornent quant à elles à un communiqué affiché sur le site internet de la présidence. Il y est dit que le président Petro Porochenko s’est entretenu au téléphone avec son homologue américain, Barack Obama. Selon ce communiqué, ce dernier apporte son soutien à ce qui est présenté ici comme une initiative du chef de l’État ukrainien : l’envoi d’une mission humanitaire, sous l'égide du CICR, avec le concours, entre autres, de la Russie, de l'UE et de l'Allemagne, à Lougansk, ville située non loin de la frontière russe.

Ce bastion des insurgés, en état de siège, vit des heures difficiles. Privé d’eau et d’électricité, il compte également des victimes chaque jour plus nombreuses. Reste donc à voir comment cette aide va pouvoir se mettre en place. Le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso, a en tout cas jugé en tout cas opportun de mettre en garde Vladimir Poutine contre toute intervention en Ukraine, « quel que soit le motif, y compris humanitaire ». Le porte-parole de la présidence russe, Dmitri Peskov, a indiqué que le convoi humanitaire ne serait pas accompagné d’escorte militaire.

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