Avec notre correspondant à Sofia, Damian Vodenitcharo
La Bulgarie est une République parlementaire, le gouvernement est issu de la majorité et voté par les députés. Les grands partis représentés au Parlement s'étaient mis d'accord pour la tenue d'élections anticipées dès juillet, lorsque le cabinet a démissionné.
La coalition au pouvoir entre le Parti socialiste (PS) le Mouvement des droits et libertés, perçu comme le parti ethnique turc, s'est désintégrée. Des tensions ont surgi entre les anciens partenaires, et les machinations politiques pour les prochaines législatives ont commencé. On parle déjà de coalition et de manipulation des petits partis politiques dont les élus seront cependant nécessaires aux grands pour obtenir une majorité au Parlement.
C'est en raison de cette instabilité au Parlement que tous les partis représentés ont refusé de former un gouvernement : aucun d'entre eux n'aurait obtenu de majorité. Comme le montre cette expérience de coalition entre les socialistes, des centristes et même les nationalistes, il est tout simplement impossible de gouverner et de faire passer des lois.
Une instabilité qui ne date pas d’hier
Les problèmes avaient commencé quelques semaines après l'entrée en fonction du gouvernement de Plamen Orecharski. Le premier ministre intérimaire, Gueorgui Bliznachki, était d'ailleurs un cadre du PS qui avait quitté les structures du parti lors de cette vague de mécontentement, provoqué par le sentiment de népotisme et de manigances politiques en coulisse.
Le nouveau gouvernement doit affronter une crise financière
Le gouvernement intérimaire est chargé d'organiser les législatives anticipées d'octobre. Il hérite par ailleurs d'une situation financière tendue. L'administration publique doit diminuer ses dépenses de 5% afin d'économiser plus de 110 millions d'euros nécessaires à la santé publique dans le cadre d'une politique d'austérité. Les inondations qui ont eu lieu dans le pays au cours de ses derniers mois alourdissent encore la facture. Le redressement coûtera environ 25 millions d'euros.
Le gouvernement devra par ailleurs faire preuve de diplomatie, puisque la Commission européenne a arrêté une grande partie des fonds européens destinés à la Bulgarie. Une des plus grandes banques du pays est également fermée depuis plus d'un mois. Elle serait au bord de l'insolvabilité. Et pour couronner le tout, il reste de multiples interrogations autour de la construction du gazoduc russe South Stream, qui doit passer par la Bulgarie, et d'un contrat pour la construction d'un nouveau réacteur nucléaire dans la centrale de Kozloduy, qui devrait coûter plus de 2,5 milliards d'euros.
Les gouvernements à venir, qu'ils soient intérimaires ou non, ont du pain sur la planche.