Avec notre envoyé spécial à Donetsk, Damien Simonart,
et notre envoyée spéciale dans la région de Novochaktinsk (Russie), Muriel Pomponne
Au milieu des champs de tournesol, à 20 km de Donetsk, les soldats de l'armée ukrainienne creusent des tranchées pour se protéger en cas d'attaque ennemie. Deux kilomètres derrière la ligne de front : des blindés, des camions lance-roquettes, des armes anti-aériennes et des centaines de soldats prennent position dans la campagne.
Donestk et Lougansk ne seront pas bombardées
Youri, l'un des commandants, est prêt à tous les scénarios. « Nous allons respecter les ordres et s'il faut rentrer dans Donetsk, nous le ferons. Notre mission est de protéger les populations civiles de la région de Donetsk des séparatistes. »
Selon un haut responsable ukrainien, Donetsk et Lougansk ne seront pas bombardées pour ne pas faire de victimes parmi les civils. Une position dont profitent les séparatistes pro-russes. Ces derniers affirment vouloir se battre jusqu'au bout. Alexandr Borodaï, le Premier ministre de la République autoproclamée de Donetsk, lance un nouvel appel à Vladimir Poutine : « Je compte beaucoup sur l'aide de la Fédération de Russie à très bref délai. La Russie nous apporte déjà une aide colossale, en volontaires ou en aide humanitaire et je pense que cela va encore augmenter. »
En cas de siège de l'armée ukrainienne, le manque de nourriture, d'eau et d'électricité pourrait amener les derniers habitants de Donetsk et Lougansk à fuir. Leur évacuation est déjà évoquée par les rebelles, comme par l'armée.
Les garde-frontières russes ferment des points de passage
En effet, l’un des objectifs de l’armée ukrainienne est de contrôler la frontière russo-ukrainienne pour éviter notamment les infiltrations d’armes en provenance de la Russie. A l'aune des combats qui se déroulent depuis plusieurs semaines aux abords de cette frontière, les autorités russes ont mis en garde à plusieurs reprises contre des tirs sur le territoire de la Russie. Un poste frontière situé en Russie, dans la région de Rostov-sur-le-Don, a déjà été touché.
La nuit dernière encore, des tirs ont retenti à proximité de la frontière, juste derrière le poste de contrôle russe de Novochaktinsk. Par deux fois au cours des dernières semaines, il a été touché par des tirs d’artillerie et des obus. La première fois, c’était le 20 juin. « Vous voyez les traces des tirs sur le bâtiment ?, pointe Leonid Smyk, du service des gardes frontières de la région. Ce sont des éclats d’obus. Et ici aussi à droite, le bâtiment a été endommagé. Des fenêtres ont été cassées. Et puis il y a eu d’autres tirs le 3 juillet. La chaussée a été endommagée par un obus. Voyez ici le trou. »
Désormais trop dangereux, ce point de passage est fermé depuis le 30 juin. « Ce poste frontalier était l’un des plus fréquenté. Entre 5 et 7000 personnes y passaient chaque jour, et jusqu’à 1000 véhicules. »
Depuis, les gens qui habitent près de la frontière sont inquiets. Les effectifs des gardes frontières ont été renforcés et les cosaques ont été sollicités pour assurer la sécurité dans les villages avoisinants.