Avec notre correspondante à Moscou, Muriel Pomponne
« Nous ne nous préparons pas à un siège. Nous nous préparons pour la contre-attaque », affirme le Premier ministre auto-proclamé de la République de Donetsk. Pour Alexandre Borodaï, garder Sloviansk n’avait aucun sens d’un point de vue militaire, la ligne de front était trop longue et trop difficile à défendre. Ce repli offre donc aux insurgés la possibilité de réorganiser leurs forces sous l’autorité d’Igor Strelkov.
L'homme est soupçonné par les Ukrainiens d'appartenir aux services secrets russes. Bien qu’il soit à Moscou, Alexandre Borodaï, qui est lui-même russe, affirme ne pas recevoir d’aide directe de la Russie, et ne pas en attendre. Tout juste reconnaît-il que la petite équipe qui avait travaillé avec lui en Crimée l’a suivi.
« Moscou, dit-il, n’a rien à voir avec ce qui se passe chez nous. » Moscou est juste un médiateur bienveillant. S’il estime qu’il peut y avoir un dialogue avec Kiev, il ajoute qu’il ne peut y avoir de négociation sur un règlement politique tant que les forces ukrainiennes ne se retirent pas et tant que Kiev ne reconnaît pas le statut d’Etat indépendant des Républiques populaires de Donetsk et de Lugansk.
■ Dans l'est de l'Ukraine, les prises d'otage se poursuivent
On a appris ce mardi l'enlèvement, il y a six jours, d'un prêtre catholique de rite oriental. Il avait vigoureusement critiqué les séparatistes pro-russes dans des déclarations publiques et sur internet.
Le père Tikhon, 43 ans a participé à des manifestations pro-Ukraine et faisait partie d'un groupe de prière pour la paix qui se réunit quotidiennement dans le centre de Donetsk. Le pasteur protestant Serguiï Kossiak, coordinateur de ce groupe de prières, a lui, passé plusieurs heures dans les geôles séparatistes en mai dernier et y a été violemment battu. Il revient sur les risques que prennent aujourd'hui, à Donetsk, les opposants aux séparatistes.
« Le père Tikhon avait reçu des menaces téléphoniques. Un jour, il a retrouvé sa voiture couverte de peinture, avec l’inscription "mort aux fascistes". Finalement, ces menaces ont été mises à exécution : il est détenu par un groupe qui se fait appeler l’Armée orthodoxe russe. Ils lui reprochent d’avoir soutenu publiquement l’idée d’une Ukraine unie, et d’avoir donné sa bénédiction au groupuscule d’extrême droite Pravy Sektor. Pour ce qui est du Pravy Sektor, c’est du pur délire et du mensonge et pour ce qui est de soutenir l’Ukraine unie, c’est vrai, le père Tikhon ne l’a jamais caché. Ici, si tu es pro-Ukraine, tu ne peux pas le dire publiquement, parce que tu es assuré de te retrouver enfermé dans les bâtiments des services de sécurité, où on l’on finira par te tuer ou te mutiler. Ou alors, on t’obligera à creuser des tranchées pour les combattants. »