Avec notre correspondant à Istanbul, Jérôme Bastion
C'est un show grandiose, à la soviétique, avec 4 000 invités et projection d'un film de 20 minutes racontant la vie de Recep Tayyip Erdogan qui a permis le lancement de la candidature du Premier ministre turc à l'élection présidentielle. Son discours a duré plus d’une heure. Cette déclaration de candidature émaillée de nombreuses références à Dieu et aux grands conquérants de l’Islam avait plus des airs de discours d’investiture que d’entrée en campagne.
Celui qui est, bizarrement, toujours Premier ministre, a d’abord remercié son parti sans dire au revoir, promettant au contraire de poursuivre sa grande œuvre, la révolution populaire, qui a permis de débarrasser l’Etat turc de la tutelle de l’armée. Il a aussi promis de mener à terme la réforme constitutionnelle menant au régime présidentiel. Autrement dit, et Tayyip Erdogan n’est en cela démenti par aucun sondage réalisé jusque-là, la victoire lui est d’ores et déjà acquise, et elle devrait même se jouer sur un seul tour.
Contre Erdogan, le candidat des kémalistes et nationalistes, Ekmeleddin Ihsanoglu, ancien secrétaire général de l’Organisation de la Conférence islamique, ne peut que grignoter une partie de l’électorat conservateur. Il est crédité de 30 à 35% des suffrages. Et le candidat pro-kurde, Selahettin Demirtas, qui fera certainement le plein des voix dans son camp, ne risque pas d’atteindre 10% des votes. Mais beaucoup de Turcs ne se retrouvent pas dans ce choix de candidats à la magistrature suprême, ce qui risque de se traduire par une forte abstention.