Avec notre correspondant à Istanbul, Jérôme Bastion
Tout l’après-midi, les uns après les autres, ils sont sortis de leurs prisons d’Ankara ou d’Istanbul, devant lesquelles les attendaient familles et sympathisants. Et tous, haut-gradés retraités ou officiers d’active, se sont largement épanchés devant les caméras de télévision pour exprimer leur joie, bien sûr, pour évoquer leurs amis morts durant ces plus de quatre années de détention, et surtout pour vider leur sac sur ce qu’ils qualifient de grave erreur judiciaire.
Ils en ont manifestement gros sur le cœur. L’annulation de leur condamnation mercredi par la Cour constitutionnelle, qui a ouvert la voie à leur libération, permettra également qu’ils soient rejugés pour la même accusation de complot visant à renverser l’ordre constitutionnel et déposer le gouvernement.
Mais ils n’attendent pas seulement d’être jugés, cette fois, équitablement et de faire la preuve de leur innocence : ils ont en effet été plusieurs à réclamer, dans des termes extrêmement fermes, que les auteurs de la « machination » montée contre eux rendent à leur tour des comptes à la justice. Une accusation à peine voilée qui vise directement le Premier ministre Recep Tayyip Erdogan, qui s’était à l’époque félicité des condamnations des militaires soi-disant putschistes.