« Quelqu’un a voté contre ? Il ne s’est pas trompé de bouton ? », s’enquiert avec une pointe d’étonnement la présidente du Sénat russe, Valentina Matvienko, à l’issue du vote. Avec une seule petite voix discordante les parlementaires ont une fois de plus fait preuve d’une belle unanimité pour annuler avec grande facilité, un texte qu’ils avaient adopté il y a trois mois, dans l’enthousiasme général, juste avant le rattachement de la Crimée à la Russie. Cette fois, relève notre correspondante à Moscou Anastasia Becchio, point de discours enflammés, la réalité diplomatique s’impose.
« La décision que nous prenons aujourd'hui accorde une chance à la paix en Ukraine, estime le sénateur Konstantin Dobrinine. Nous montrons à tout le monde que nous n'envisageons pas d'être les gendarmes de la planète, mais nous faisons tout notre possible pour mettre fin à la guerre civile en Ukraine. »
« Notre train blindé attend sur une voie de garage »
Les sénateurs russes se réservent néanmoins le droit de rétablir la possibilité d'une intervention militaire, comme le laisse entendre la sénatrice Olga Kavitidi. « Aujourd'hui, nous disons que seules des négociations peuvent sauver la situation, explique-t-elle. Mais notre train blindé attend sur une voie de garage. Je pense que les autorités ukrainiennes ne doivent pas l'oublier. »
Pour les sénateurs russes, la page est donc loin d’être tournée. « Si le président doit avoir recours à des contre-mesures de nature militaire, le Comité de sécurité et de défense se tient prêt à les prendre en considération », a conclu le président du Comité.
Maintien du cessez-le-feu
Pour le moment, la décision aura aura peut-être eu le mérite de maintenir les autorités ukrainiennes dans le statu-quo, alors que le président Porochenko menaçait encore il y a peu de revenir sur l'accord de cessez-le-feu. L'Ukraine a fait savoir par son ministre des Affaires étrangères, qu'elle maintient ce dernier, en dépit de l'attaque d'un hélicoptère qui a fait neuf morts. Pavlo Klimkine a néanmoins précisé que les autorités étaient « pleinement engagées en faveur du plan de paix [...] mais ça dépendra de l'évolution de la situation », a-t-il précisé, en revenant notamment sur l'attaque de l'hélicoptère. Sur ce point, il a prévenu que « de telles provocations [étaient] extrêmement dangereuses pour obtenir un cessez-le-feu durable. »
De son côté, le secrétaire général de l'Otan Anders Fogh Rasmussen a affirmé qu'il ne voyait pas « de changement » dans l'attitude de la Russie, en précisant que la coopération de l'organisation avec Moscou était toujours suspendue. L'Otan pose en outre ses conditions à une reprise de telles relations, parmi lesquelles figure le fait de « stopper le soutien aux groupes armés séparatistes » et « mettre fin au passage d'armes et de combattants » à la frontière russe.
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