La facture du conflit ukrainien

En Ukraine, les négociations de paix entre Kiev et les séparatistes pro-russes de l'Est du pays avancent à grand pas. Le conflit aura eu des retombées économiques négatives pour les deux principaux protagonistes, la Russie et l'Ukraine, mais pas tout à fait dans les mêmes proportions.

C'est l'Ukraine qui a le plus souffert, d'après les dernières estimations de la Banque mondiale. Son produit intérieur brut reculera cette année d'au moins 5% à cause des tensions avec Moscou, tandis que celui de la Russie perd un demi-point seulement. Le conflit a touché trois points névralgiques de l'économie ukrainienne. D'abord ses exportations vers la Russie en berne depuis un an à cause des barrières douanières mises en place par Moscou pour punir Kiev de son rapprochement avec l'Union européenne. Il n'est pas dit que le commerce entre les deux pays retrouve rapidement son niveau d'antan. Autre point sensible : les provinces de Donetsk et Louhansk, deux régions prospères où sont concentrées l'industrie lourde et le secteur minier, et où l'agitation pro-russe a sérieusement fait vaciller les grands équilibres économiques. Le rythme des affaires s'est ralenti et les recettes fiscales en provenance de ces deux régions ont par conséquent chuté depuis le printemps. La dispute sur le gaz enfin est l'autre prolongement économique de la guerre larvée que se livrent les deux pays qui pénalise lourdement l'Ukraine.

La guerre du gaz

Moscou va chercher au plus vite un arrangement avec son client sous les bons auspices de l'Union européenne, les pays de l'Union étant l'autre débouché incontournable pour le gaz russe. Dans ce conflit, la Russie a surtout laissé des plumes à cause des sanctions occidentales qui ont plombé le climat des affaires et qui ont fait fuir les investisseurs étrangers. Mais l'humeur des marchés est visiblement à la détente. En témoigne le succès rencontré hier par l'émission de dette de la Sberbank. La plus grande banque russe a émis une obligation de 1 milliard d'euros sur cinq ans et elle aurait pu en lever le double si elle avait voulu.

Des mesures impopulaires pour les Ukrainiens

L'Ukraine bénéficie depuis février de l'assistance du FMI. Elle a rassuré les partenaires étrangers de l'Ukraine et donné l'oxygène indispensable pour faire tourner l'économie. Mais dans l'immédiat, le soutien du FMI a surtout le goût d'une pilule amère pour la population. Car cette aide est conditionnée par une série de réformes structurelles qui affectent directement les ménages. La fin des subventions au gaz en est l'exemple le plus cuisant. Autre effet, indirect celui-là, l'inflation : elle a grimpé à 10% depuis que la Banque centrale a renoncé à soutenir la monnaie nationale, la hryvnia, comme l'exigeait le FMI. Les ménages ukrainiens vont devoir consentir des efforts importants pour remettre leur pays sur les rails. 

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