Ukraine: jeu de dupes diplomatique

Les chefs des diplomaties de l'Union européenne sont à Luxembourg, en présence de leur homologue ukrainien qui vient défendre le plan de paix proposé par Kiev : un dialogue avec les séparatistes pro russes, une zone tampon, un cessez-le-feu qui pour le moment n'est pas respecté. Car c'est Moscou qu'il faut convaincre, Moscou qui exige un cessez-le-feu «durable» pour établir un dialogue, mais ne fait rien pour convaincre les séparatistes de déposer les armes. Un jeu de dupes dont Kiev et Moscou sont bien conscients.

Avec notre correspondante à Moscou, Muriel Pomponne

Le plan Porochenko et l’approbation du cessez-le-feu par Poutine sont l’expression d’une communication à destination des Occidentaux. Ils montrent tous les deux leur bonne volonté. Mais c’est Vladimir Poutine qui maintient la pression.

Il approuve le cessez-le-feu, mais estime que le président Porochenko ne va pas assez loin dans ses propositions de dialogue avec les séparatistes de l’Est. Pour l’instant, le président ukrainien a parlé de décentralisation, ou encore de garantie constitutionnelle pour la langue russe. Ce n’est pas suffisant pour Vladimir Poutine, et la meilleure façon pour lui de le faire savoir est de faire en sorte que les combats continuent en Ukraine.

Ainsi, le cessez-le-feu proposé par Kiev n’est pas effectif, et Moscou a beau jeu de dire que le président ukrainien ne tient pas sa promesse. Et sans cessez-le-feu, pas de dialogue. Ce que Vladimir Poutine a regretté dimanche dans une courte interview, dans laquelle il a accusé l’armée ukrainienne et les milices d’extrême-droite de poursuivre les combats.

Sergueï Lavrov, ministre russe des Affaires étrangères est également intervenu sur le sujet ce lundi. « Le plus important, c'est le processus politique. Il est essentiel que le cessez-le-feu ouvre la voie à un dialogue entre toutes les parties en conflit, afin de trouver des solutions acceptables pour toutes les parties, a-t-il déclaré. L'objectif est d'apporter l'assurance aux populations du sud-est de l'Ukraine qu'elles font partie intégrante du pays, qu'elles ont les mêmes droits que les autres citoyens, que ces droits soient garanties dans la Constitution ukrainienne. Cela requiert un dialogue détaillé, et substantiel. C'est la clé de la réussite ».

À terme, le président Poutine sera sans doute obligé de lâcher ses protégés, mais il ne le fera pas sans avoir la certitude qu'il garde « un levier d’influence » en Ukraine.

De son côté, le président Porochenko a répété ce lundi matin qu'il voulait convaincre la population du Donbass de régler pacifiquement la situation. Et trois anciens présidents ukrainiens ont signé un appel à Vladimir Poutine pour qu'il fasse baisser la tension.

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