Le président ukrainien s'est adressé dimanche à la nation lors d'un discours télévisé pour exposer son plan de paix offrant un dialogue aux insurgés n'ayant commis « ni meurtre ni torture ».
Dans son discours de 12 minutes, Petro Porochenko a déclaré que « le scénario pacifique est notre scénario principal. C'est notre plan A », tout en soulignant : « mais ceux qui ont l'intention d'utiliser ces négociations de paix à seule fin de jouer la montre et de regrouper leurs forces doivent savoir que nous avons un plan B détaillé. Je ne vais pas en parler maintenant parce que je crois que notre plan pacifique va réussir ».
« Je fais tout mon possible pour expliquer aux habitants de l'est de l'Ukraine qu'ils sont et resteront les plus précieux de nos citoyens. Nous nous portons garants de leur sécurité » a déclaré le président ukrainien.
Pour le premier défi majeur de sa présidence, Petro Porochenko joue sa crédibilité en temps que rassembleur. Le plan de paix inclut une zone tampon de 10 km à la frontière entre l'Ukraine et la Russie. Il stipule aussi la fin de « l'occupation illégale » des bâtiments de l'administration régionale de Donetsk et Lougansk contrôlés par les rebelles et l'organisation rapide d'élections locales. Enfin, il préconise entre autres une « large décentralisation du pouvoir » qui pourrait calmer les tensions locales.
Poutine appelle à un « dialogue substantiel »
A Kiev, même si le cessez-le-feu est dénoncé par certains comme une erreur stratégique, le plan a été bien accueilli par l'ensemble de la classe politique. Mais le non-respect de la trêve pourrait compromettre tout progrès vers une paix durable. Hormis l'intransigeance apparente des dirigeants des autorités séparatistes, les Ukrainiens pointent du doigt la Russie, qui doit user de son influence indéniable sur les groupes terroristes illégaux dans l'est pour faire respecter le cessez-le-feu, selon un communiqué du ministère des Affaires étrangères : « Tout nouvel encouragement aux terroristes aura des conséquences critiques. » Vu de Kiev, la balle est donc dans le camp des rebelles à l'est, et de l'autre côté de la frontière.
Le secrétaire général des Nations unies Ban Ki-moon a « félicité » le président ukrainien pour son plain de paix et a exprimé « l'espoir que ce plan fera baisser la violence et les tensions dans l'est de l'Ukraine ».
De son côté, le président russe Vladimir Poutine a exprimé son soutien au plan de paix tout en appelant Kiev à mettre fin aux opérations des forces armées dans l'est du pays. Vladimir Poutine a appelé à un « dialogue substantiel » entre Kiev et les rebelles pro-russes.
L'appel de Hollande et Merkel à Poutine
Poutine a adressé samedi des messages jugés contradictoires aux autorités ukrainiennes. Moscou a placé les troupes armées du centre de la Russie en état d'alerte, et avait estimé que les autorités ukrainiennes n'allaient pas assez loin, car ils n'adressaient pas aux séparatistes une invitation formelle à participer à des négociations.
Moscou continuant à souffler le chaud et le froid sur le conflit ukrainien, François Hollande et Angela Merkel ont demandé ce dimanche Vladimir Poutine « de favoriser la reprise des négociations ».
Aucun responsable des insurgés séparatistes n’a pour l’instant participé aux discussions entre représentants de l’est et de l’ouest du pays. La situation dans l'est de l'Ukraine est loin d'être apaisée. Le président français et la chancelière allemande ont donc insisté auprès du président russe sur « l'importance d'assurer pleinement le contrôle de la frontière russo-ukrainienne afin d'éviter les infiltrations de matériels et d'hommes armés ».
Sur le terrain, les échanges de tirs se sont poursuivis ce dimanche dans l'est du pays, les troupes ukrainiennes affirmant faire usage de tirs d'artillerie pour repousser des attaques de rebelles.