Ukraine: le président s'apprête à décréter un cessez-le-feu dans l'Est

Le président ukrainien a annoncé, ce mercredi 18 juin, qu’il s’apprêtait à décréter un cessez-le-feu unilatéral dans l’est du pays. Une interruption des combats qui doit permettre l’instauration d’un plan de paix souhaité par Kiev.

S’achemine-t-on vers la fin, même provisoire, des combats dans l’Est ukrainien ? C’est en tout cas le souhait du président Petro Porochenko qui a annoncé ce mercredi qu’il allait ordonner « sous peu » un cessez-le-feu unilatéral. Une décision qui est censée marquer le début du plan de paix voulu par le chef de l’Etat pour les régions frontalières de la Russie, secouées depuis plusieurs mois par des poussées séparatistes.

« Immédiatement après cela, nous devons recevoir le soutien pour ce plan de paix présidentiel de tous les participants [impliqués dans le conflit]. Cela devrait intervenir très rapidement », a-t-il ajouté.

Parmi les autres points du plan proposé par Kiev : l’amnistie pour les séparatistes pro-russes qui déposeront les armes et qui n’auront pas commis de crimes graves. Un corridor humanitaire doit être aussi créé pour ceux, qualifiés par Petro Porochenko de « mercenaires russes », qui désireront regagner la Russie.

Dans son offre, le président ukrainien appelle également son homologue russe à reconnaître officiellement les nouveaux dirigeants, arrivés au pouvoir en Ukraine après la chute de l’administration pro-russe fin février.

Discussion Kiev-Moscou

Si la réaction de Vladimir Poutine n’est pas encore connue, les deux hommes se sont parlé au téléphone, hier mardi. Un dialogue en dépit de la mort de deux journalistes russes dans l’est du pays et des poursuites lancées par Comité d’enquête russe à l'encontre du ministre ukrainien de l'Intérieur.

En effet, les enquêteurs russes s’intéressent à Arsen Avakov pour son implication présumée dans une offensive de l’armée ukrainienne dans l’Est le 12 avril dernier, « visant intentionnellement au meurtre de civils ».

Nouvelle tête à la diplomatie

Mais les chefs d’Etat russe et ukrainien semblent vouloir passer outre ces accrocs. Et c’est d’ailleurs l’actuel représentant de Kiev dans les pourparlers avec la Russie sur l’instauration du plan de paix, Pavlo Klimkin, qui a été nommé à la tête du ministère des Affaires étrangères, ce mercredi, en remplacement d’Andrii Dechtchitsa.

Il faut dire que ce dernier avait lancé « Poutine connard » à la foule, et devant les caméras, lors d’une manifestation à Kiev face à l’ambassade de Russie le week-end dernier.

Rejet de Donetsk, scepticisme de Moscou

La promesse d'une amnestie du président ukrainien Porochenko « à ceux qui déposeront les armes et à ceux qui n'auront pas commis de crimes graves », a aussitôt été rejetée par un porte-parole de la République séparatiste autoproclamée de Donetsk, l'un des fiefs des insurgés. Le président de la commission des Affaires étrangères au Parlement de Russie, Alexei Pouchkov, met également en doute la bonne volonté de Kiev :

« Ce sont pour le moment des manœuvres diplomatiques pour montrer à l’Europe que l’Ukraine considère un processus politique pour trouver une solution pour l’est du pays. Mais les bombardements continuent. Hier deux journalistes russes ont été tués au sein d’un groupe de réfugiés ukrainiens qui voulaient quitter la zone des combats. Donc nous avons des preuves tragiques de la continuation de cette opération militaire. Monsieur Porochenko a déclaré que son plan de paix est prévu dans une ou deux semaines. Or ce délai est toujours repoussé ».

Pourparlers impossibles

« Quand il est venu au pouvoir, Porochenko a dit qu’il allait terminer dans sept jours l’opération militaire, et proposer un plan de paix, poursuit le président de la commission des Affaires étrangères au Parlement de Russie, Alexei Pouchkov. Aujourd'hui, il propose un plan de paix mais l’opération militaire continue toujours. Il est en train de nommer un représentant pour ces pourparlers. Mais les pourparlers sont impossibles dans la mesure où la poussée militaire de Kiev continue. J’espère que le président de l’Ukraine vote tout de même une pause dans les actions militaires parce que sans cette pause, des pourparlers sont, à mon avis, impossibles ».
 

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