La Russie et l'Ukraine sont passées de la négociation à la procédure. Le Russe Gazprom a saisi la Cour d'arbitrage internationale de Stockholm pour obtenir de l'Ukraine le paiement d'une dette de 4,5 milliards de dollars. Parallèlement, l'Ukrainien Naftogaz saisit la même Cour internationale pour réclamer 6 milliards de dollars qui auraient été versés indûment, depuis 2010, à la compagnie russe.
Naftogaz en appelle également à la Cour de Stockholm pour fixer un « juste prix » aux livraisons futures de gaz russe à l'Ukraine. Dans ce climat de raidissement de part et d'autre, Gazprom a décidé de mettre sa menace à exécution et de ne plus fournir à l'Ukraine de gaz qui n'aurait pas été payé d'avance.
Les premiers contacts entre le nouveau président ukrainien Porochenko et le président russe Vladimir Poutine avaient fait naître l’espoir d’un règlement de ce conflit diplomatico-commercial mais la tension accrue entre les deux pays depuis quelques jours y a mis un terme. Kiev refusait l’augmentation du prix du gaz qui lui était imposée depuis la chute du président pro-russe Ianoukovitch et la dernière offre faite par Moscou, même sensiblement plus basse, n’a pas été acceptée par l’Ukraine.
Conséquences limitées à court terme
Dans l'immédiat, les conséquences devraient rester limitées. Mais l’Union européenne achète près de 40% de son gaz à la Russie et près de la moitié de ces volumes transite par l’Ukraine. L’Europe craint donc de devenir la victime par ricochet du différend gazier entre l’Ukraine et la Russie. Le commissaire européen à l’énergie, Guenther Oettinger, qui a tout fait pour susciter ce week-end un accord entre l'Ukraine et la Russie, avertit que l'Europe pourrait être confrontée à une pénurie de gaz cet hiver si l'Ukraine est contrainte de puiser dans ses réserves.
Les stocks de gaz russe constitués par l’Ukraine en été servent à réguler le transit vers l’Union européenne durant l’hiver. Et c’est pourquoi la Commission européenne demande à l’Ukraine d’augmenter ses réserves afin d’assurer la sécurité de la fourniture de gaz russe à l’Europe si le blocage devait se prolonger.