Négociations sur le gaz: l'Ukraine campe sur son refus

Les négociations sur le gaz se poursuivent à Bruxelles entre Kiev et Moscou ce mercredi 11 juin 2014. La Russie a repoussé au 16 juin la date à partir de laquelle elle pourra stopper ses livraisons faute de remboursement des dettes de l’Ukraine. Cette dernière exige pour sa part une baisse du prix du gaz. Moscou a fait une proposition mais Kiev a refusé. Le gouvernement ukrainien veut une modification du contrat, afin de ne plus être tributaire de considérations politiques.

Avec notre correspondante à Moscou,  Muriel Pomponne

La Russie a mis sur la table une offre de réduction du prix du gaz à 385 dollars les 1 000 mètres cubes, soit 100 dollars de moins que le prix pratiqué actuellement. Entre le 15 décembre et le 1er avril, à la faveur d’un accord passé entre le président d'alors, Viktor Ianoukovitch, et le Kremlin, l’Ukraine avait bénéficié d’un rabais à 268 dollars. Mais ce rabais a été supprimé par Moscou quand le pouvoir a changé de main à Kiev.

Contentieux sur le prix

C'est précisément pour éviter qu’un tel scénario se reproduise que les nouvelles autorités ukrainiennes veulent des garanties. Elles ne veulent plus d’un prix politique du gaz, mais un prix basé sur la réalité du marché international. Vladimir Poutine, qui se réserve toujours le droit d’interrompre les livraisons de gaz russe à l'Ukraine, a néanmoins demandé à son gouvernement de trouver le moyen d’inscrire dans la durée l’engagement de ne pas modifier le prix du gaz livré à son voisin.

Pour l'heure, les autorités de Kiev ne semblent pas convaincues. Elles se disent prêtes à saisir la cour d’arbitrage de Stockholm. « Nous avons payé le prix que nous considérons être celui du marché, à savoir 268 dollars pour 1 000 m3 de gaz », a déclaré le Premier ministre ukrainien Arseni Iatseniouk à l'ouverture d'une réunion du Conseil des ministres ukrainien ce mercredi matin.

Et de préciser : « Nous avons compté : ça a fait 768 millions de dollars. Nous sommes prêts à régler tous les arriérés à un prix du marché convenable. Tous les pièges que la Russie veut de nouveau tendre à l’Ukraine sont inacceptables. Nous appelons encore une fois la Russie : s’il vous plaît, signons un accord pour éviter que cette affaire ne se retrouve devant un tribunal. »

Parvenir à un accord mutuellement acceptable

Le ministre ukrainien de l’Energie propose que soit fixé un prix intermédiaire, en attendant la décision de cette cour. Son homologue russe affirme qu'il souhaite poursuivre les discussions avec l’Union européenne et l’Ukraine quand Kiev aura payé ses dettes. Moscou confirme le 16 juin comme date butoir pour que l'Ukraine paie ses 2 milliards de dollars de dette.

Selon le journal russe Kommersant, Bruxelles a formulé une proposition de prix autour de 360 dollars pour 1 000 m3. Les représentants russes en ont rendu compte personnellement à Vladimir Poutine. D'après un communiqué du Kremlin, le président Poutine, qui s'est entretenu par téléphone à ce sujet avec la chancelière allemande, a demandé à sa délégation de poursuivre les négociations avec des « positions constructives » en vue de parvenir à « un accord mutuellement acceptable » entre la Russie et l'Ukraine.

Pour Vladimir Poutine, l’offre de réduction de 100 dollars est à prendre ou à laisser. Si l’Ukraine devait la rejeter, « nous allons passer à une autre étape » déclare le président russe.

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