Avec notre correspondante à Moscou, Muriel Pomponne
A l’exception d’un policier moscovite, les condamnés sont les membres d’une même famille tchétchène, qui n’ont pas donné d’explication à leur geste. Ce qui fait dire aux proches d’Anna Politkovskaïa que les condamnés ne sont que des exécutants.
« Je serais satisfait du verdict lorsque le ou les commanditaires seront sur le banc des accusés, affirme Politkovsky, le fils de la journaliste assassinée. Nous allons coopérer avec les enquêteurs et nous suivons aussi l'enquête parallèle menée par Novaya Gazeta afin de découvrir ce qui est le plus important dans cette affaire, à savoir qui est le commanditaire ? ».
Le porte-parole du comité d'enquête affirme, pour sa part, qu'une enquête séparée est en cours pour trouver le commanditaire. Mais pour l’avocate de la famille, Anna Stavitskaïa, il est clair que la justice est aux ordres : « Malheureusement, notre système judiciaire fonctionne mal. Manifestement, ils attendent des instructions. Mais nous, les victimes, nous n'avons pas besoin d'instructions pour nous battre afin que tous les acteurs de cette affaire comparaissent en justice. »
Quant aux accusés, qui avaient été mis hors de cause lors d'un premier procès en 2008, ils clament leur innocence. Leur avocat, Aleksey Mihalchik, annonce qu’il va faire appel. « Aujourd'hui, il y a eu une erreur judiciaire. Des innocents ont été condamnés pour que le gouvernement puisse déclarer que l'affaire de l'assassinat d'Anna Politkovskaïa, survenu en 2006, a été résolue. En réalité, le commanditaire reste inconnu, et nous pensons aussi que ce sont d'autres personnes qui sont les exécutants, y compris celui qui a appuyé sur la gâchette », affirme l’avocat.
Huit ans après l'assassinat de la journaliste, l’affaire est donc loin d’être close.
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