Avec notre envoyée spéciale à Kiev, Anastasia Becchio
17 soldats sont morts lors d'une attaque à la grenade et au mortier près de Volnovakha, dans la région de Donetsk. Un soldat a également été tué et deux autres blessés dans une attaque dans la région de Lougansk, près de Roubijne.Jeudi dans l'après-midi, quatre mines de charbon ont été investies par des insurgés pro-russes, a-t-on appris de source ministérielle. Ils demandent à ce qu'on leur remette des stocks d'explosifs.
Ces attaques - sans doute les plus meurtrières pour l’armée ukrainienne depuis le début de l’opération militaire lancée à la mi-avril - provoquent l’inquiétude à Kiev. Le Premier ministre ukrainien demande la réunion en urgence du Conseil de sécurité de l’ONU. Arseni Artseniouk accuse une nouvelle fois la Russie d’alimenter la tension dans l’est du pays, pour perturber la présidentielle.
« Une grande base militaire sur laquelle on prépare des terroristes »
Lors d’un point presse, le secrétaire du Conseil de sécurité nationale et de défense ukrainien, Andriy Paroubi a été plus précis. « Près de Rostov-sur-le-Don, on a mis au jour une grande base militaire sur laquelle on prépare des terroristes avant de les envoyer sur le territoire ukrainien. Cette base accueille jusqu’ à un millier de personnes. Les entraînements sont dirigés par des officiers russes. »
Bien qu'il n'ait pas réussi à déterminer la ou les personnes qui dirigeaient cette base, Andriy Paroubi estime que, « dans la mesure où cette base se trouve sur le territoire russe, on ne peut pas imaginer que ces entraînements se déroulent sans que les hautes autorités politiques et militaires russes n’aient donné leur aval et sans qu’elles soient au courant. » Selon lui, cette découverte témoigne de la duplicité du maître du Kremlin. « Cela montre une nouvelle fois que les paroles de Poutine sont mensongères et trompeuses, lorsqu’il parle du retrait de ses troupes, et lorsqu’il parle de non-ingérence dans les affaires ukrainiennes. » Une méfiance partagée par le Premier ministre Artseniouk, pour qui ces annonces de retrait sont un coup de bluff.
De leur côté les gardes frontière ukrainiens disent avoir repoussé des dizaines de séparatistes armés de lances grenades et de fusils, qui tentaient de pénétrer de Russie sur le territoire ukrainien.
Cependant, le secrétaire général de l'OTAN Anders Fogh Rasmussen, a déclaré ce jeudi que des mouvements de troupes russes « pourraient suggérer » un retrait partiel de la frontière avec l'Ukraine. Avant d'ajouter : « Il est trop tôt pour dire ce que ça signifie, mais j'espère qu'il s'agit du début d'un retrait complet et réel ».
Un avis partagé par le diplomate allemand Wolfgang Ischinger, représentant de l'OSCE aux « tables rondes » organisées en Ukraine pour calmer les tensions dans l'Est. « La Russie envoie des signaux pour exprimer dans une certaine mesure sa bonne volonté à accepter l'élection présidentielle », assure-t-il. « Elle envoie aussi des messages qui font penser qu’elle œuvre à la désescalade (et) annonce en particulier le retrait de ses troupes de la frontière, ajoute le diplomate, tout en nuançant, « même si cette information n'est pas encore confirmée. »
→ A (RE)LIRE : les troupes russes se sont-elles retirées de la frontière?
Les séparatistes pro-russes semblent plus déterminés que jamais à perturber le scrutin de dimanche. Ils occupent environ un tiers des bureaux de vote dans les régions troublées de l’est et multiplient les actes d’intimidation. Les autorités autoproclamées de la région de Lougansk veulent aller plus loin. Elles entendent même imposer la loi martiale et appellent Vladimir Poutine à envoyer des troupes.
Pour Wolfgang Ischinger, c'est précisément pour cette raison que scrutin de dimanche constituera un événement important, et il est important de ne pas se laisser intimider par les actions des séparatistes. « J’appelle tous les Ukrainiens à sortir pour aller voter, et exercer leur droit à la démocratie, mais aussi à œuvrer pour empêcher ceux qui veulent saper l’élection. J’appelle tous ceux qui en ont la capacité à user de tous les moyens pour que cette élection se déroule de façon pacifique. Chaque voix compte ! Chaque bureau de vote compte ! »