Les habitants de Serbie et de Bosnie continuent à se battre contre la montée des eaux. A Belgrade, où la rivière Sava devait atteindre un nouveau pic, des milliers de secouristes et de volontaires, pelles à la main, ont rempli des sacs de sable que d'autres ont empilés dans les endroits les plus vulnérables, le long des douze kilomètres sur lesquels la Sava traverse la capitale serbe.
Le maire de Belgrade a dit que le niveau de l'eau montait de deux centimètres par heure, mais que la situation était sous contrôle grâce aux 300 000 sacs de sable posés sur les bords de l'eau. Plus tôt, dans la nuit et la matinée de ce lundi 19 mai, des digues érigées à d'autres endroits, le long de la Sava, ont tenu, notamment près d'une importante centrale thermique.
L'une des villes serbes les plus touchées par les inondations est Obrenovac, où les eaux ont atteint jusqu'à deux mètres de hauteur, avant de baisser lentement, mais l'évacuation des sinistrés s'y est poursuivie. Plus d'un tiers des habitants d'Obrenovac ont été évacués. Cet homme a été évacué avec toute sa famille : « J'ai quitté la ville il y a trois jours parce que les rivières ont débordé et la ville était sous les eaux. Notre immeuble a été inondé. Des soldats nous ont secouru. Nous sommes partis en bateau et nous avons ensuite rejoint Belgrade en bus. C'était horrible. L'eau était partout. Beaucoup de voitures et de maisons ont été détruites. Maintenant, les eaux baissent et la situation s'améliore. Je pense que nous pourrons rentrer d'ici environ deux semaines. Nous savons que tout a été détruit mais tous mes amis, ma famille, mes cousins, sont sains et saufs. »
Armageddon et « catastrophe biblique »
Beaucoup d'habitants de la Serbie ont tout perdu et les témoignages donnent la mesure de leur désarroi. La situation est surtout difficile dans les zones rurales, où des Serbes ont dû quitter leurs maisons inondées, en laissant derrière eux les animaux qu'ils élèvent. Ils ont trouvé refuge dans des centres d'accueil, notamment à Belgrade. Cité par l’AFP, un ingénieur vivant à Belgrade, et qui est allé chercher ses parents à la campagne, parle de maisons entières qui ont été littéralement emportées par les eaux, et dit ne pas pouvoir décrire la situation autrement qu'en parlant d'Armageddon.
La vedette serbe du tennis, Novak Djokovic, a qualifié les inondations de « catastrophe biblique », et a demandé à la communauté internationale d'aider son pays. Il a annoncé qu'il ferait don aux sinistrés des 700 000 euros qu'il a touchés en remportant le tournoi de Rome. L'aide internationale continue d'arriver sur place, un avion des Nations unies a atterri ce matin à Belgrade, où est arrivé aussi un détachement de secouristes français.
La Bosnie à son tour gravement atteinte
C'est dans les régions traversées par la même rivière Sava que les dégâts ont été parmi les plus importants en Bosnie. Et c'est dans la ville de Samac, dans le nord du pays, qu'une nouvelle victime a été retrouvée, portant le bilan à 45 morts. La quasi-totalité des 26 000 habitants de Samac, qui est sous les eaux, ont été évacués par bateaux pneumatiques et par hélicoptères.
Des dizaines d'autres localités du nord-est de la Bosnie sont également sous les eaux. La Sava a débordé des digues dans la région de Bijeljina et a inondé plusieurs villages. Des réfugiés ont témoigné que l'eau avait atteint par endroits trois mètres de haut.
La bonne nouvelle, c'est que plus au sud, à Maglaj et à Doboj, l'eau commence à se retirer. Ces localités avaient été entièrement inondées, l'eau arrivant par endroit au deuxième étage des immeubles.
Solidarité
Des mouvements de solidarité s'organisent pour s'occuper des personnes restés dans les villages détruits, ou installés dans des camps de réfugiés. Un jeune bosniaque, Ammar Nuakovic, s’organise avec d'autres étudiants et se rend dans les villes sous les eaux aux alentours de Sarajevo :
« En ce moment nous préparons l’aide en nourriture, en vêtements et en eau, et tout ce qui est nécessaire pour les endroits qui ont subi des inondations. Il y a environ 2000 étudiants dans notre base, prêts à travailler pendant deux ou trois jours dans ces villes. La situation là-bas est très précaire, tous les premiers étages des maisons et des immeubles sont détruits. Les personnes âgées ne peuvent pas se déplacer à cause de la boue… Ils sont assis devant leurs maisons et disent ‘j’ai tout perdu, je ne sais plus quoi faire, j’ai vécu toute ma vie dans cette maison et elle est détruite, qu’est ce que je peux faire maintenant ?’. Mais il ya beaucoup de gens biens qui les aident. Et ils savent une chose : ils doivent se battre. Ils doivent croire que ça ira mieux, et c’est tout ».
Le danger des mines antipersonnel
La Bosnie porte encore les stigmates de la guerre intercommunautaire qui a eu lieu entre 1992 et 1995, et les autorités ont prévenu qu'en raison des glissements de terrain, des mines antipersonnel auraient pu se déplacer et présentaient un danger potentiel. Mais il faut souligner que dans ce pays divisé ethniquement, des musulmans sont allés aider les sinistrés dans les régions serbes et à leur tour, des musulmans sinistrés ont été accueillis dans une localité croate.