Avec notre envoyé spécial à Kiev, Caroline Larson
Il s'agit d'une « farce » dangereuse, sans conséquences juridiques pour Kiev. C'est en substance ce qu'a dit le président par intérim ukrainien ce matin en réaction aux résultats (promulgués ou attendus) des référendums qui se sont tenus hier dans l'est de l'Ukraine. Sur ce point, la position de Kiev reste la même : ces référendums d'autodétermination illégaux n'auront aucune incidence sur l'intégrité territoriale du pays.
Oleksandre Tourtchinov a également accusé Moscou de chercher à perturber la tenue de l'élection présidentielle anticipée du 25 mai et à renverser le pouvoir ukrainien en place à Kiev depuis la chute de Ianoukovitch. Le président ukrainien par intérim estime que les actions des séparatistes pro-russes, inspirées par la direction de la Fédération, sont destructrices pour les économies des régions de Donetsk et Lougansk. Pire, elles menacent les vies et le bien-être des citoyens. Tourtchinov a enfin assuré que le gouvernement ukrainien allait renforcer la lutte antiterroriste pour éradiquer les saboteurs et les criminels. Tout en restant cependant ouvert au dialogue avec les citoyens de ces régions qui n'ont pas de sang sur les mains.
Moscou appelle au dialogue
La Russie, de son côté, dit qu'elle respectera la volonté des Ukrainiens du bassin du Donbass. Dans le même temps, elle insiste sur le dialogue nécessaire entre les régions séparatistes et Kiev. Sergueï Lavrov, le chef de la diplomatie russe, affirme même qu'il ne voit pas l'utilité de nouveaux pourparlers internationaux sur l'Ukraine : une sortie de crise n'est possible à ses yeux que par le dialogue entre Kiev et les représentants séparatistes des régions de l'est du pays.
Une élection présidentielle attendue
Pour les Occidentaux, les référendums organisés hier sont illégaux. Le président français, François Hollande rejette les « vraies-fausses » consultations des rebelles : ce qui va compter à ses yeux, « la seule élection qui vaudra », sera celle du 25 mai.
L'Union européenne et l'OSCE insistent eux aussi sur la tenue de la présidentielle anticipée. Un diplomate allemand expérimenté, Wolfgang Ischinger, sera le médiateur de l'OSCE pour tenter d'établir un dialogue entre les différentes parties de la crise en Ukraine, a annoncé le président de l'Organisation. Le président du Conseil européen, Herman Van Rompuy, est attendu lui ce soir à Kiev pour y rencontrer le Premier ministre, Arseni Iatseniouk, et apporter le soutien de l'Union européenne à l'élection.