Avec nos envoyés spéciaux à Donetsk et Marioupol, Daniel Vallot et Bertrand Haeckler
Dans ce bureau de vote non loin du centre-ville de Donetsk, avant d’entrer, les électeurs doivent passer devant des miliciens armés de fusils mitrailleurs qui disent être ici pour assurer la sécurité des électeurs. Devant le bureau de vote des haut-parleurs diffusent la radio pro-russe de la République de Donetsk et à l’intérieur, les électeurs doivent ensuite voter au vu et au su de tous car, ici, il n’y a pas d’isoloir. « Nous n’avons pas eu le temps d’en acheter », a confié la responsable du bureau, ajoutant aussitôt « mais ça ne dérange personne ».
Les électeurs rencontrés se disent tous favorables à l’indépendance de la région de Donetsk et lorsqu’on leur demande quel avenir ils souhaitent pour leur région, ils répondent tous vouloir un rattachement à la Fédération de Russie.
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Des files interminables à Marioupol
C’est une immense file d’attente qui s’est formée devant l’un des rares bureaux de vote à avoir ouvert ses portes à Marioupol. Les volontaires pro-russes débordés essayent tant bien que mal de gérer la foule venue participer au scrutin. Rien y fait. L’affluence est telle que les électeurs doivent attendre durant des heures avant de pouvoir voter. « Ça fait quatre heures qu’on est là, lance une femme, mais on restera aussi longtemps qu’il faudra parce que nous en avons assez de vivre en Ukraine. Regardez tout ce monde. Ça montre à quel point toute la ville de Marioupol est déterminée. »
Mais cette affluence ne témoigne pas forcément d’une participation massive. En réalité, seuls quatre bureaux de vote ont pu ouvrir alors que la ville compte près de 500 000 habitants. Aux yeux de cette militante pro-russe, la faute en revient non pas aux séparatistes, mais aux autorités ukrainiennes : « Le gouvernement menace de prison tous les directeurs d’école qui accepteraient de nous aider, c’est pour cela que nous manquons de bureaux de vote. Ils font tout leur possible pour nous empêcher de voter. Ils veulent nous faire peur, mais ils n’y arriveront pas. »
Marioupol est une ville obsédée par la crainte de nouveaux affrontements après les violences qui ont éclaté vendredi en plein centre-ville. Des violences qui ont sans doute accru le soutien dont bénéficient les séparatistes auprès d’une population qui considère désormais l’armée ukrainienne comme une armée d’occupation.
Des consultations « nulles et non avenues »
Ces référendums sont des consultations « nulles et non avenues », a déclaré le président français François Hollande à Bakou, en Azerbaïdjan où il est arrivé ce dimanche pour une tournée dans le Caucase. Il explique que la seule élection qui vaudra, c'est celle du 25 mai, l'élection qui va permettre de désigner le président de toute l'Ukraine qui « sera la seule autorité légitime ».
L'Union européenne ne reconnait pas les résultats des « prétendus référendums » pour l'indépendance de Donetsk et Lougansk a déclaré ce dimanche également une porte-parole de l'Union européenne.