A Sloviansk, ville de 110 000 habitants de l’Est ukrainien, les séparatistes n’ont aucun doute quant à l’issue des résultats du référendum régionale de dimanche. Le maire auto-proclamé Viatcheslav Ponomarev s’attend d'ailleurs à une « participation de 100% ».
« Il peut y avoir des voix contre », celles des « bourgeois », mais « sitôt après le référendum, la "République populaire de Donetsk" commencera à fonctionner », a déclaré Viatcheslav Ponomarev, ce samedi. Il a ajouté que si les habitants de sa région le décidaient, cette nouvelle « République » rejoindrait la Russie.
A Donetsk, plus au sud, tout est prêt, ont aussi aussuré les insurgés à l'envoyé spécial de RFI sur place, Daniel Vallot. « Il y a quelques détails à régler mais comme on dit chez nous, ce sont "les finitions". Regardez, il y a les isoloirs, les tables pour les accesseurs, c’est comme pour n’importe quelle élection », se réjouit Sergueï, vêtu d'un treillis militaire et arborant un barbe de trois jours.
Pour les pro-Russes, le référendum de dimanche sera une élection comme les autres. Pourtant faute de volontaires et de temps, un grand nombre de bureaux de vote vont rester fermés dimanche.
Dans un quartier du centre-ville où a pu se rendre notre envoyé spécial, certains ne savent toujours pas où ils sont censés se rendre pour aller voter. « Peut-être que ce sera là, s’interroge un habitant. Je vais aller vérifier. Mais je ne suis pas vraiment sûr. Eux [les séparatistes pro-russes], ils disent que c’est bien organisé mais je suis sûr qu’ils vont truquer les résultats, donc ça n’a pas vraiment d’importance. Pas d’observateurs, des hommes armés avec des mitraillettes. Ce n’est pas une élection. »
Dans ce quartier du centre-ville, les habitants qui pensent aller voter dimanche sont tous favorables à l’indépendance. Les autres, les partisans de l’unité de l’Ukraine, resteront chez eux. Pas question, disent-ils, de participer à un scrutin organisé de A jusqu’à Z par le camp adverse.
Un sondage en faveur de l'unité ukrainienne
C'est dans un contexte de division extrême du pays qu'un sondage vient de paraître. Selon une étude réalisée par l'institut américain Pew, les Ukrainiens seraient majoritairement pour l'unité de leur pays.
Les entretiens de visu ont été réalisés dans toute l'Ukraine en avril dernier, après l'annexion de la Crimée. Il ressort que sur les 1 659 Ukrainiens interrogés, 77 % pensent que l'Ukraine doit rester unie. L'avis est partagé à l'Ouest bien sûr mais aussi à l'Est où 70 % pensent que le pays doit rester uni.
Les divisions concernent les particularismes : 66% des Ukrainiens de l'Ouest trouvent inutile de faire du russe une langue officielle. Alors qu'à l'Est, ils sont 73 % à vouloir que russe et ukrainien soient langues officielles.
Globalement, l'action occidentale en Ukraine n'inspire pas confiance. Mais surprise, dans l'est du pays - Crimée mise à part - la Russie ne fait pas non plus l'unanimité, 41 % seulement jugent bonne l'influence russe.
Craintes franco-allemandes
Ce samedi, à la veille des référendums, et au lendemain de venue de Vladimir Poutine en Crimée, Paris et Berlin ont durci le ton à l’égard de la Russie. Le président français François Hollande et la chancelière allemande Angela Merkel ont menacé Moscou de « conséquences » si l’élection présidentielle ukrainienne, prévu pour le 25 mai prochain, ne pouvait se tenir. Ils ont aussi appelé le Kremlin à cesser les manœuvres militaires à la frontière ukrainienne.
Les deux dirigeants européens se sont voulu tout aussi fermes concernant les scrutins de ce dimanche. « Les référendums planifiés dans plusieurs villes à l'est de l'Ukraine sont illégaux », ont-ils affirmé.
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