Avec notre envoyé spécial à Donetsk, Daniel Vallot
Les dirigeants séparatistes se sont réunis ce jeudi à la mi-journée au siège de l’administration régionale de Donetsk. « Nous avons le plus grand respect pour le président russe. Il est donc normal que nous discutions de la proposition de Vladimir Poutine », avait déclaré hier soir Denis Pouchiline, l’un des dirigeants de cette République autoproclamée de Donetsk. Ce jeudi 8 mai, l'homme est nettement plus catégorique : « Le référendum aura lieu à Sloviansk » le 11 mai.
A la base du mouvement en tout cas, les miliciens et les militants rencontrés mercredi 7 mai au soir s'étaient déjà quasiment décidés : pas question pour eux d’accepter un report du référendum. Une militante pro-russe interrogée hier soir, juste après l’annonce du président russe : « Poutine, c’est le président de la Russie alors il peut dire ce qu’il veut. Mais ici, on ne s’est pas battus pendant des mois pour finalement reporter le référendum. Non! Le référendum aura lieu et il aura lieu le 11 mai ».
Les militants pro-russes refusent par ailleurs toute idée de dialogue avec le gouvernement de Kiev et rejettent donc l’élection du 25 mai, l’élection présidentielle. Cette militante, comme toutes les militants pro-russes à qui vous avons parlé hier soir, est donc totalement en porte-à-faux avec l’appel au calme lancé par Vladimir Poutine.
→A (RE)LIRE: Vladimir Poutine fait un pas vers une solution politique en Ukraine
Les militants pro-russes répètent d’ailleurs en boucle les mêmes arguments depuis le début de la crise, à savoir que le gouvernement de Kiev est un gouvernement fasciste et qu’il est donc impossible de discuter avec lui. Puis, il y a les morts de ces derniers jours, l’intervention militaire à Sloviansk, l’incendie d’Odessa, qui ont creusé un fossé qui sera très difficile de combler.
On va donc pouvoir mesurer aujourd’hui deux choses très importantes : d’abord le degré d’influence que le président russe Vladimir Poutine a réellement sur les dirigeants du mouvement séparatiste dans l’est de l’Ukraine, et ensuite le degré d’influence que ces mêmes dirigeants ont sur leurs propres troupes.
Le poids de Moscou
D'après de nombreux témoignages, la présence de militaires russes ou pour le moins d'agents russes dans l'est de l'Ukraine est avéré. Il faut donc s'attendre à ce qu'ils agissent selon les ordres du Kremlin. Les observateurs sont partagés, ici, entre ceux qui pensent que Poutine a intérêt à une Ukraine en plein chaos pour y imposer ensuite sa loi, et ceux qui pensent qu'il ne veut pas risquer une guerre civile avec des guérillas incontrôlées aux frontières de la Russie.
Et en dépit de la rhétorique persistante sur les nazis au pouvoir à Kiev, on note qu'en coulisse, les ministres des Affaires étrangères russe et ukrainien se rencontrent beaucoup depuis quelques temps. Et pour la première fois hier, Vladimir Poutine ne s'est pas opposé à la tenue de l'élection présidentielle ukrainienne le 25 mai prochain.
→↓A (RE)LIRE:Ukraine: le mois de tous les dangers