Le Net polonais s'empare des élections européennes

La Pologne, comme les autres pays de l'Union européenne, s'apprête à élire ses 51 députés au Parlement européen. Sur les listes, plus de 1 200 candidats se sont inscrits. Si la campagne a démarré tard, elle a vite envahie le web et les réseaux sociaux avec plus de cent spots électoraux.

De notre correspondante à Varsovie,

Les thèmes principaux de la campagne pour les européennes en Pologne sont la sécurité du pays face à la crise ukrainienne et les envies d'expansion territoriale de la Russie. Le second sujet important est l'indépendance énergétique : beaucoup de spots viennent de candidats de la région minière de Silésie : les possibles futurs élus promettent tous de défendre l'industrie du charbon auprès de Bruxelles.

Le troisième des thèmes forts concerne les fonds européens. Les candidats rivalisent d'inventivité pour se présenter comme aptes à bien utiliser les fonds européens alloués à la Pologne.

Spots excentriques

Les spots diffusés font pour certains dans l’originalité. Comme celui, par exemple, du parti Twoj Ruch, « Ton Tour », troisième force actuellement à la Diète polonaise, un parti anticlérical et libéral, autant sur le plan économique que social. On y voit la candidate Dorota Galias n'hésitant pas à appliquer une grosse seringue sur la carte montrant Bruxelles et à aspirer les euros en disant : « Maintenant on va faire une injection. » La candidate déplace ensuite la seringue sur la carte pour diffuser les euros sur le territoire de la Pologne.

Ce parti a, en général, décidé de faire appel à l'humour dans ses spots, avec des résultats inégaux. Comme Jan Hartman qui se lance dans ce jeu de mots sur son nom : « New York a Spiderman, Gotham city a Batman, et chez nous il y a Harman ». Et le candidat de montrer son tee-shirt avec son nom dessus. Une autre candidate de ce parti, aujourd'hui directrice d'un club de foot, montre la Une de Playboy avec sa photo dénudée.

Jeu de mots érotique

Marek Migalski, déjà eurodéputé du parti de droite conservatrice Polska ensemble s'est fendu d'un jeu de mots érotique, en mettant en scène ses collaboratrices qui disent au début du spot : « Je l'ai fait avec Migalski » en jetant à la caméra des regards entendus.

L'extrême droite quant à elle ne fait pas dans l'humour, mais préfère montrer sa force - les images du défilé du 11 novembre. Le parti le plus radical, la Nouvelle droite, annonce par la voix de ses candidats qu'il est contre l'Union européenne. Quand un journaliste demande à l'une des candidates de ce parti ce qu'elle compte faire au Parlement, pourquoi elle veut se faire élire, la réponse se fait attendre. « Euh, la question suivante », lance enfin la jeune femme.

Solidarnosc dans la course

Le célèbre syndicat Solidarnosc a aussi décidé de mettre son grain de sel dans la campagne électorale européenne. Le syndicat a choisi comme lieu du lancement de son anti-campagne les chantiers navals de Gdansk, le berceau de Solidarnosc, et qui a marqué le début de la fin du communisme en Pologne.

Piotr Duda, le premier secrétaire du syndicat, n'a pas mâché ses mots et a traité les spots des candidats de crétins et d'idiots. Solidarnosc compte lancer une campagne d'affiches sur lesquelles apparaitront certains candidats avec une banderole « ils ont menti, maintenant ils veulent fuir à Bruxelles ». Une opération critiquée par Lech Walesa qui a annoncé qu'il commenterait la campagne tout en soutenant la Plateforme citoyenne et la candidature de son fils Jaroslaw.

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